dimanche 28 octobre 2012

1Q84, d'Haruki Murakami (mise à jour de ma critique)


1Q84
1Q84 (mise à jour de ma critique)

Bon… un an plus tard, je mets à jour ma critique d’1Q84, par Haruki Murakami (oui, je réfléchis longtemps sur un texte, parfois).

Faut dire que 1- je ne suis pas très habile pour rédiger des critiques, 2- la version que j’ai lue regroupe les trois volumes parus au Japon, ça faisait donc plus de mille pages à digérer et 3- quelque chose clochait…

Ça m’a pris un an à m’en rendre compte et un commentaire sur Goodreads pour m’ouvrir les yeux.

Pour remettre les choses en perspective, je vous re-résume le roman.

Le bouquin s’ouvre sur Aomame, jeune japonaise qui agit à titre d’assassin, envoyée, de toute évidence, pour éliminer des hommes qui commettent des actes de violence envers des femmes.

Prisonnière du trafic sur l’autoroute alors qu’elle est en route pour exécuter une cible, elle choisit de quitter son taxi afin d’emprunter une voie d’urgence, ignorant les avertissements de son chauffeur, qui lui prédis que, lorsqu’on s’engage dans un chemin inusité, lorsqu’on effectue un pas de côté pour choisir un chemin qui sort de l’ordinaire, la réalité qu’on connaissait jusqu’alors peut prendre une apparence qu’on ne reconnaît plus. (ouf, c’est une longue phrase, ça!)

Aomame quitte donc, sans le réaliser son monde pour pénétrer celui d’1Q84, un monde pareil au nôtre mais aux différences subtiles (il y a deux lunes dans le ciel, par exemple, mais, oh, je ne vous expliquerai pas tout non plus!).

En parallèle, on suit le récit de Tengo, un auteur qui, sur les conseils de son éditeur un tantinet louche, accepte d’agir comme ghostwriter afin de réécrire le manuscrit d’une jeune étudiante qui raconte l’histoire d’un monde étrange. Celui, on le comprendra, d’1Q84 (où deux lunes traversent le ciel étoilé et où un peuple invisible se fraie un chemin à travers la gorge d’une chèvre morte, mais, oh, je ne vous expliquerai pas tout non plus!).

***

1Q84 semble s’intéresser aux abus faits aux femmes. Si on cumule ce qui se rapporte à ce thème, on obtient : un manuscrit qui ne peut être publié par une jeune écrivaine de 16 ans, il faut l’intervention d’un homme pour que le bouquin soit un succès, une policière reléguée aux contraventions de stationnement en raison de son sexe, policière qui finira brutalement assassinée au terme d’ébats avec un inconnu, une amie d’enfance poussée au suicide par la violence psychologique d’un mari étouffant, une tenancière qui héberge des femmes battues après que sa propre fille ait subi un sort semblable, un chef de culte qui abuse physiquement de jeunes filles pour entretenir son lien avec l’étrange peuple mentionné plus haut, …

Aomame semble être un personnage créer pour répondre à cette violence, pour redresser les torts. Elle est forte, solide, indépendante… et assassine ses cibles de manière efficace et expéditive…

Mais, dans la deuxième partie du livre, l’auteur s’efforce de la dégriffer, de lui limer les crocs et de l’étouffer lentement… lentement… pendant 500 pages…

Après son contact avec le chef religieux, elle doit fuir le courroux des membres de la secte…

… et se cache dans un appartement dans lequel elle se barricade pendant des semaines… parce qu’elle porte désormais l’enfant de Tengo (je ne vous expliquerai pas pourquoi). Tengo qu’elle n’a pas revu depuis vingt ans.

C’est là que ça se corse et c’est là que je me fâche.

Aomame, personnage fort et indépendant, s’enlise, renonce à sa liberté, s’immobilise et attend pendant 500 pages qu’un homme vienne la délivrer.

Pire encore, c’est Tengo, qui s’est mis à écrire sa propre histoire dans le monde d’1Q84, qui l’enchaîne ainsi (mais bon, c’est mon interprétation), qui fantasme sur la gamine qu’il avait rencontrée à l’école il y a vingt ans, qui s’imagine que, comme lui, elle garde un souvenir brûlant de leur unique rencontre

C’est ce qui me choque.

Un personnage féminin, en lutte contre les abus, se résigne, s’abandonne au sort de Tengo, lui voue un amour incompréhensible et attend qu’il la libère de sa prison… C’est enrageant, quand on y pense comme il faut, surtout compte tenu de la personnalité qu’on nous présente pendant la première moitié du livre.

Voilà le détail qui coche, qui détonne, qui me creuse la tête depuis un an.

C’est dit!

Merci! 

9 commentaires:

  1. J'ai trouvé la troisième partie insupportable et interminable, et je me l'expliquait mal, outre l'immobilisme et la lenteur généralisée de cette partie. Cette très bonne analyse m'ouvre les yeux!
    Merci!

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  2. Tout s'explique si tu considères que le jour n'est pas encore venu où les Japonais considéreront VRAIMENT les femmes comme des égales (dans leur vision traditionnelle, hommes et femmes sont complémentaires, mais cette vision s'est distordue avec le temps, au détriment des femmes). Les Japonais semblent beaucoup apprécier l'idée que la femme la plus indépendante et forte est simplement celle qui n'a pas encore trouvé l'amour (et l'homme qui l'enchaînera, captive consentante, grâce à cet amour).

    C'est entre autre pour ça que je préfère les romans japonais historiques et/ou ceux qui se passent dans des univers masculins ou alors les romans modernes écrits par des femmes! :p

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  3. @Annie
    J'aimais bien l'interaction du bodyguard et du détective privé, mais sinon, la troisième partie était très difficile à traverser.
    C'est plate, traverser un roman...

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  4. @Gen
    Ouf, d'accord, je comprends un peu mieux...

    C'est dommage, car Haruki Murakami nous a habitués à autre chose!

    Dans tous les cas, ton analyse complète la mienne! Merci!

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  5. Mais pourquoi tu lis des trucs pareils? Ne t'avise surtout pas de retenir ça pour la suite de tes bouquins, hein? On les aime casse-pieds et indépendantes, tes héroïnes! ;P

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  6. Ouf! Plus je vois d'avis sur ce livre, moins il me tente!

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  7. @Hélène
    Parce que j'aime cet auteur, malgré tout :)

    Mais je retiens tes recommandations au sujet de mes héroïnes! Je ne compte pas les changer!

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  8. @Selena
    As-tu lu autre chose de Murakami?

    Je te suggère fortement de lire Les Chroniques de l'Oiseau à ressort. Ça, c'est de la bombe :)

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