jeudi 24 février 2011

Où j'exprime maladroitement mes doutes avant de les exorciser par quelques lignes peu convaincantes mais sincères

Un aperçu de ma vie:

Je lis vous savez Qui. Je bouffe. J'écris longtemps puis je sors courir, histoire de délier mes petites jambes.

Je traverse la route, longe le parc, la clairière, le ruisseau. Tout ça sous les étoiles ou, comme ce soir, sous une jolie neige fine.

***

«J'ai de la misère à faire autre chose» avouais-je récemment à une collègue de travail qui me demandait des nouvelles de «mon» livre (c'est compliqué à expliquer que j'écris le quatrième en ce moment...).

C'est vrai, outre m'occuper de mes enfants de substitution poilus/plumagés et maintenir la maison dans un état à peu près salubre, j'éprouve de réelles difficultés à faire autre chose qu'écrire.

Il y a longtemps que je n'ai plus de plaisir à jouer à des jeux vidéos, que je décline la plupart des invitations de mes amis les soirs de semaine (y en a qui commencent à me trouver plate...) et que j'ai la fichue impression de perdre mon temps en écoutant la télévision.

Et je suis heureux comme ça, je vous assure!

J'écris.

***

Évidemment, à m'investir ainsi dans ma série, il m'arrive d'avoir les bleus.

Et si tu faisais tout ça pour rien? me chuchote une petite voix éraillée lorsque je prends conscience qu'aucun éditeur n'a encore manifesté le moindre intérêt pour mes trucs.

C'est pas un peu débile, écrire? Te démener à faire vivre des personnages dont toi seuls se soucie. Ouch, tu es méchante, petite voix éraillée. J'ai quelques lecteurs qui m'assurent que si et que ça, ...

Tu vas faire quoi, quand tu réaliseras que ça ne débloquera jamais? 2 ans de ta vie à pianoter sur un clavier, à clamer haut et fort à tout le monde que c'est ta passion et que ça te fait vivre? J'en sais foutrement rien.

Tu me laisses tranquille, maintenant?

***

Copine remarque ma mine de chien battu, chasse les doutes, balaye mon malaise du revers de la main.

«Ça vaut la peine» qu'elle me répète.

Et puis y a d'autres soirs où je me décide à imprimer de nouvelles copies d'Averia 1. J'en inspecte les pages et j'attrape quelques phrases au passage. Puis, l'air de rien, après avoir scruté et remis en ordres la pile de feuilles, je réalise, tout fier, que je l'aime cette foutue histoire.

Qu'il n'y a pas de raison que ça ne marche pas.

Que ce n'est qu'une question de temps.

Que ça me fait encore vibrer. Malgré les réécritures. Même si ça fait deux ans que j'y travaille.

Je vois le chemin accompli et j'entrevois ce qui reste à parcourir.

Et ça me motive d'autant plus.

Voilà.

mardi 22 février 2011

Une demi-cartouche plus tard

Je suis encore un peu en mode «tais-toi, bon sang».
C'est pour ma propre protection, je vous assure.

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Chute de régime, baisse de motivation.

Mais, une demi-cartouche d'encre plus tard, me voilà gonflé à bloc à nouveau.

Amenez-en des portes que je les défonce.

samedi 19 février 2011

Myr, par Copine

Aie!
Une chance que Copine n'écrit pas. C'est déjà suffisamment cruel de comparer nos talents pour le dessin...

Admirez, avides lecteurs.

jeudi 17 février 2011

Ça s'écrit tout seul!

Mon frère, deuxième beta-lecteur après Copine, lit à coup de cinquante pages.

Les lui ai envoyées lundi. Et, si je continue au même rythme, il aura les cinquante suivantes lundi prochain...

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Chaque soir, au retour du travail, je nourris chats, chien et oiseau. Puis j'avale moi-même deux trois bouchées en zyeutant mes e-mails.

Ensuite, je m’attelle au clavier, je m'accroche à l'écran et j'écris jusque tard la nuit (j'en mets un peu... mettons jusque vers minuit).

Ça vient tout seul.

Un peu comme quand j'écrivais Averia 2. Quand les idées viennent d'elles-mêmes, qu'on a qu'à les attraper au vol, à les noter dans un coin de tête et à jouer du clavier à un rythme essoufflant.

Quand le personnage vibre, quand tout se met en place sans effort. Quand Annika se fait délicieusement imparfaite.

Bref...

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J'y retourne.

mercredi 16 février 2011

Quel flair!

Je viens de jeter un oeil sur mes notes pour Tharisia 2. 

Notes que je n'ai pas touchées depuis le 30 décembre.

Voyons voir... c'est bien ce que je pensais. Cinq paragraphes. 200 mots. Tout un plan!

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Vous vous souvenez du refus que j'ai reçu il y a deux semaines? J'ai creusé un peu, histoire de comprendre, d'obtenir des pistes de réflexion.

Eh bien il s'avère que la maison d'édition en question a décidé de se concentrer sur les biographies romancées et les romans historiques.

Oh. Ah.

Pourtant leur catalogue me laissait croire autre chose.

Ai reçu un autre refus hier. Je crois battre un record de vitesse pour celui-ci. L'ai soumis le 14 et on me répond le 15. 

«Nous ne publions pas de SF ni d'ouvrages pour adolescents.»

Hum. Ah?

Encore une fois, bravo pour l'étude de marché, mon Pat!

***

Des suggestions de portes auxquels frapper, fidèles lecteurs?

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Au fait... c'est décidé, je termine Tharisia 2 d'ici le 10 avril. Date de la naissance d'Averia. 

Quatre romans en deux ans...

vendredi 11 février 2011

Nocturne

Chienchien veut faire ses besoins.

Alors j'enfile tuque noire et mince veste bleue. À petite dose, j'aime bien le froid. Frissonner en pantoufle dehors, le nez rivé sur les étoiles pendant que cabot patine dans l'entrée, ça me plaît bien.

Je suis dehors et seul me parvient l'écho de la musique qui s'évade depuis mon salon.

Bon sang que ça me plaît, tout ça.

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Je n'ai pas de grandes nouvelles. Ni de réflexions à proposer.

Je me suis creusé la tête toute la semaine, mais je n'ai rien trouvé.

Mais voilà, c'est tout ce que j'ai à dire: je vis et j'écris.

C'est d'une grande pertinence, mais en même temps un tantinet ennuyant pour mes lecteurs.

Désolé. J'suis juste bien et j'écris.

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À plus tard.

vendredi 4 février 2011

Les chats sont de si jolies créatures

La transparence, ça veut aussi dire partager ses échecs.

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-Je viens de recevoir un refus, que j'annonce à mon collègue.
-Sucks, répond-il avec compassion. Do you need a hug?
-Hum... thanks but no. 

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C'est un refus sympa en plus. Je peux juste pas être fâché.
N'a pas été retenu pour publication. Vous prions de croire qu'il ne s'agit pas d'un jugement négatif face à votre travail. Ne cadre pas avec notre programme éditorial et ne pourra pas connaître le succès que votre manuscrit mérite.

C'est dommage, moi je trouvais que le mariage aurait pu être prometteur. 

Résultat: Le nombre de réponses en attente est réduit à 2. Les soumissions électroniques n'ont pas porté fruit. C'est le temps de vider mes cartouches d'encre!

Des suggestions de parfums pour le papier?

***

D'un autre côté, j'ai eu la chance de publier une courte nouvelle sur le blogue littéraire tenu par Alain Gagnon.

Il ne s'agit malheureusement pas d'un texte inédit pour vous, fidèles lecteurs!

Jetez un oeil quand même.  

Il y a du neuf presque à tous les jours (de la concurrence pour Gen ;)).

jeudi 3 février 2011

La technique de l'entrevue

Il jette un oeil à la technique de l'entrevue.

Pas que je sois bloqué, pense-t-il, mais ça peut être marrant d'essayer. Comment ça fonctionne au juste...?

Il s'assoit devant son clavier et gratte son début de barbe. À lire les instructions, ça semble pourtant simple. Il ferme un moment les yeux, puis, à l'aveugle, laisse aller les doigts sur les touches.
... et, surprise, Annika se manifesta, se matérialisant à ses côtés sans effort apparent. Elle paraissait un peu étonnée de s'incarner ainsi dans le monde réel, mais l'émotion causée par la rencontre avec son créateur...
Il ouvre un oeil.

Bon sang... C'est un peu artificiel. Annika ne se laissera pas piéger ainsi...

Il réessaie.
Sans préambule ni explication, Annika apparaît dans un ploc sonore à ses côtés. Pat l'observe solennellement avant de lui souhaiter la bienvenue. «Annika» entame-t-il un peu nerveusement. «hum... ça va?» Celle-ci le toise un moment et...
-Si ça ne t'ennuie pas, je vais répondre moi-même.

Pat se retourne lentement. Elle est là. Assise à moitié affalée dans le fauteuil, le menton dans la main.
-Je... commence-t-il sans arriver à trouver quoi que ce soit d'intelligent à ajouter ensuite.

Annika jette un oeil autour.
-Alors, c'est ici que la «magie» opère?

Elle dévisage le clavier puis l'écran qui scintille et donne l'impression de douter que c'est depuis ce bureau que prend forme son existence. Elle se lève et s'approche. Pat recule imperceptiblement. Annika se révèle plus grande que ce qu'il avait imaginé. Il ne la croyait pas plus grande que lui.

Faudra corriger ça, pense-t-il.

Annika s'intéresse davantage à la cage d'oiseau qui siège juste à côté de l'ordinateur. Saucisse, toujours curieux, lui roucoule quelques mots gentils.
-Je... ce volatile me rappelle quelque chose, fait-elle, intriguée.

Pat hausse les épaules. Il ne se rappelle pas avoir écrit quoi que ce soit en rapport avec l'oiseau dans son bouquin. Se pourrait-il qu'Annika capte à son insu des échos de ce qu'il passe dans mon environnement pendant que...

Annika s'éloigne de la cage, tourne un peu dans le salon, posant sur les meubles et décorations un air visiblement peu impressionné.
-C'est quand même mieux que le taudis dans lequel tu m'as jetée, fait-elle. Un peu ordinaire, quand même. J'imagine que quand on y vit tous les jours, on arrive à y trouver un certain charme.

Elle ouvre le réfrigérateur et en inspecte le contenu.
-Ce truc est moisi.

Pat, toujours interdit sur sa chaise de bureau, se secoue. Il lui faut reprendre le contrôle de cette entrevue.
-Annika, dit-il d'une voix qu'il espère convaincante. Je t'ai fait venir ici car j'ai des questions à te poser.

La Tharisienne se retourne et pose les mains sur le comptoir. Elle observe le pseudo-écrivain. Annika me jauge, pense-t-il. Elle craint que je ne tente de lui tendre un piège. Finalement, elle ouvre les bras et, dans un sourire que Pat devine méfiant, elle capitule.
-Je suis toute à toi.
-Bien... je...

Il hésite, grouille sur sa chaise. Il se remémore le genre de questions suggérées dans l'exercice.
-Comment te sens-tu en ce moment? bredouille-t-il.
-Il n'y a pas grand chose à dire. On m'a arraché à ma vie normale et je me retrouve dans un endroit qui m'est étranger, dans une maison aux drôles d'odeurs, à discuter avec un type que je ne connais pas mais qui prétend me connaître sous toutes mes coutures...
-Euh... je voulais dire: dans le contexte du roman.

Annika croise les bras et plisse les lèvres.
-Ahem... ou plutôt, par rapport à ce que tu vis en ce moment, précise Pat.
-Tu sais aussi bien que moi.

Elle contourne le comptoir et jette un oeil dehors. Elle grimace en voyant la neige mais ne passe pas de commentaires.
-Non, Annika, tu te trompes. M'enfin... oui, je sais, mais j'aimerais te l'entendre dire.
-Bah... Pour être tout à faite honnête, j'ai plutôt l'impression d'avoir fait une grosse bêtise.

Pat hoche la tête pour l'encourager à continuer.
-C'est un peu de ta faute, insiste-t-elle. Si tu ne m'avais pas fait rencontrer Chernova il y a quelques mois, j'aurais réagi différemment. Je ne serais pas fourrée dans ce pétrin.
-Et pourquoi as-tu réagi ainsi?
-Parce que t'es un sacré emmerdeur! lui reproche-t-elle.

Pat sourit.
-Hey ho, tu me voles mes répliques... que j'écris pour toi...

Elle serre à nouveau les lèvres. Pat se l'imagine en train de se mordre la langue. Surprenamment, elle ne l'abreuve pas d'injures. Elle se retient. Annika n'a pas ce genre de gentilesse pour beaucoup de gens de son entourage.
-Sincèrement, Annika. Pourquoi as-tu réagi comme tu l'as fait? Sois honnête avec toi-même.

Sans détacher les yeux de la neige qui tourbillonne, Annika soupire méchamment.
-Pfff... tu sonnes comme mon cousin. Est-ce que toi aussi tu te piques au mercuro-sable?

Pat ouvre la bouche pour répondre, mais Annika l'interrompt.
-Sois honnête avec toi-même! l'imite-t-elle en prenant une voix haut-perchée. Il n'y a pas de grande révélation à faire, crétin. J'ai eu la trouille de me retrouver seule. Oui! Moi. Annika la grande rebelle. Et puis ne fais pas ces yeux-là, ça te donne un de ses airs...

Son regard se tourne à nouveau vers la fenêtre.
-Je crois que je te déteste... souffle-t-elle à la vitre.

S'adresse-t-elle à lui? Ou à son reflet dans la porte patio. Pat n'en est pas certain. Il se lève et fait quelques pas vers elle.
-Écoute...
-Non, toi écoute, le coupe-t-elle à nouveau. Tu vois cette cicatrice? C'est de toi. As-tu remarqué les contusions que j'ai sur mes flancs? C'est aussi de ta faute.

Elle écrase un doigt sur sa tempe gauche.
-Et des cicatrices, tu en as laissées tout un tas là-dedans. Tu t'amuses de ma souffrance!
-Non, je t'assure. Tu te trompes. Si tu savais...
-Oh, et tu crois peut-être que je n'ai pas conscience de ce que tu racontes en parallèle? Je te vois venir. Je sais ce que tu espères me forcer à révéler. Je ne veux pas que tu me montres sous ce jour. Je refuse. Tout ça c'est du passé et cette foutue gamine que j'étais à l'époque n'a rien à voir avec ce que je suis aujourd'hui.
-Au contraire...

La voix d'Annika se fait sifflante. Pat sent la tension dans ses gestes. Je plains les personnages contre lesquels elle s'énerve, pense-t-il.
-Annika. Fais-moi confiance. Je n'ai pas la prétention de  te faire avaler que tout ça est pour ton bien, mais c'est ce qui doit arriver.
-Je t'interdis de...!
-Chut... tente-t-il pour l'apaiser. Veux-tu savoir ce que je te réserve? Je peux te montrer si tu veux.

D'un geste, il l'invite à s'approcher de l'écran.
-Je te préviens, si ça ne me plait pas... commence-t-elle.
-Ça ne te plaira pas. Mais je crois que tu comprendras.

Elle traverse le salon et consent à s'asseoir devant l'écran. Pat observe son visage baigné de lumière tandis qu'elle lit.

Après un long silence, Annika s'enfonce dans le siège et soupire.
-Alors? demande Pat.

La bouche d'Annika se tord en une légère grimace.
-Tu ne me feras pas dire que tu as raison... mais...

Elle hausse les épaules.
-Je ne m'attendais pas à ça, mais... c'est... c'est bien. J'imagine.

Elle se penche sur l'écran et dépose son menton au creux de sa main gauche. Pat soupire à son tour. De soulagement. Un pincement lui tenaille l'intérieur. Maintenant qu'il l'a devant elle, il aimerait bien lui épargner toutes ces épreuves...

Une drôle de lueur brille tout à coup dans les yeux d'Annika.
-Dis... fait-elle. Ça t'ennuie si j'essais à mon tour?
-Essayer quoi?

D'un mouvement souple, elle attaque le clavier de ses doigts et écrit à toute vitesse.
-Euh... non, je ne crois pas que ce soit une bonne idée...!
Patrice, silhouette chétive fouettée par le vent, savoure la caresse de l'air sur son visage. Ses vêtements se prennent dans la bourrasque et s'agitent dans un claquement. Les yeux fermés, il en oublie presque que sa très chère Annika vient de le balancer dans le vide...