lundi 29 août 2011

Oh le beau chevreuil...

Sauf que c'était un loup. Ou un coyote très massif.

Et il m'a suivi sur près d'un kilomètre, trottinant entre les fougères, tâchant de me dépasser sur ma droite.

«Méchant chevreuil! Retourne dans la forêt...»

***

«Qu'est-ce que tu fais Patrice?»
«Bah, je zyeuxte les blogues de mes copains et j'espionne Facebook...»
«Méchant auteur! Retourne à ton manuscrit!»

mercredi 24 août 2011

Wow...

Ça fait BEAUCOUP d'amour à recevoir en même temps.

***

La nouvelle s'est répandue au bureau comme une traînée de poudre. Tout le monde s'extasie, me congratule, espère me voir devenir riche (HAHAHAHA!). C'est la même chose dans ma famille. Ici. Sur Facebook. Ça l'air que vous étiez une méchante gagne à m'encourager depuis les coulisses.

Merci.

***

Que fait l'auteur qui se croyait ben fin d'avoir une confortable avance de 4 manuscrits déjà rédigés dans ses tiroirs? Eh bien il réécrit à coup de 3000 mots par jour. Va falloir que j'aménage des pauses dans cet horaire parce que je ne tiendrai pas le coup à travers tout le roman.

***

J'ai jamais compté les heures passées sur mes bouquins, mais me semble qu'elles filent plus vite qu'avant!

vendredi 19 août 2011

Un peu d'exubérance serait de mise, non?

Visite temporelle numéro 3.

J'ai une vieille promesse à remplir.

***

Le feu crépite derrière lui, réchauffant sa nuque, petit îlot de chaleur dans la nuit tiède. Pat observe les étoiles. Deux, déjà, se sont décrochées du ciel et ont imprimé de longues traînées blanches sur ses rétines. Depuis l'ombre, sous les feuilles et juste à côté de l'étang des grenouilles, une forme se matérialise sans bruit. Une peur sourde griffe Patrice, lui arrache la chaleur dans son dos et le raidit sur sa vieille chaise en toile. Mais la silhouette qui approche lui est familière. Maintenant qu'il se trouve à quelques pas de lui, la lueur des tisons suffit à révéler les traits du visiteur nocturne.
-C'est toi. Tu m'as fichu la trouille...
-Désolé.

Les deux Pat se dévisagent longuement, le silence seulement ponctué du craquement de la flamme qui meurt dans le foyer derrière eux.
-Je t'attendais, tu sais.
-Je sais, lui répond Pat du futur.

Quelque part au-dessus d'eux, une bête nocturne traverse le ciel en faisant claquer ses ailes.
-Si tu es ici, c'est que... demande Pat à moitié.

L'autre hoche la tête.
-Ouais...

***

Je l'ai su vendredi soir. En revenant du lancement de Gen. Sous la forme d'un e-mail tout simple.

«Nous sommes intéressés à publier votre série de romans intitulée Averia.»

Suis allé signer ça aujourd'hui, à Varennes. À une heure de chez moi.

Maudit que la vie était belle sur le chemin du retour.

***

-Wow... je.. je ne sais pas comment réagir.
-Je crois qu'un peu d'exubérance serait de mise.

Silence. Leurs regards traînent sur la saucisse que Pat du futur fait griller au-dessus des tisons rougis.
-Oh, ou tu peux te mettre à pleurer si t'en as envie. C'est ce que Copine a fait en apprenant la nouvelle.
-Wow...

La saucisse tournoie au bout du bâton maigrichon que Pat a gossé quelques minutes plus tôt. Le bout de viande a l'air peu ragoûtant, mais il s'en échappe tout de même une agréable odeur rôtie.
-Qu'est-ce que je dois faire? s'inquiète Pat. Pour que ça marche, pour que je sois sûr d'arriver au même résultat que toi?
-Rien. Ou plutôt, rien de différent de ce que tu fais déjà. Fais de ton mieux. Continue d'entretenir ta passion. Le feu qui brûle dans tes tripes. Ça a toujours été notre plan, non?
-Je n'arrive pas à y croire.
-Moi non plus...

***

Seki, Myr et Annika se sont trouvées une place chez ADA éditions. ADA pour Averia et Tharisia.

C'est génial, non?

Publier. Mourir de joie. Renaître d'efforts.

***

-Je te mets en garde. Ne t'excite pas trop. J'ignore s'il s'agit de la réponse à toutes nos questions. Je ne sais pas si c'est ce qui va combler nos attentes. C'est dangereux de s'emporter. De s'investir à ce point et...
-Hey... lui lance Pat du passé. Profites-en, crétin. Sois heureux. Tu le mérites.

Pat soupire, renifle, sourit.
-Bordel... tu réalises...?
-Oui, maintenant file. Tu m'as dit ce que j'avais besoin de savoir. Pour le reste, je préfère avoir la surprise. Ne reviens plus me voir, ok?

***

Merci. À tout le monde.

jeudi 11 août 2011

Métamorphose

«Je ne répondis rien et je continuai de manger pensivement. Je sentais bien qu’un malaise s’installait et que Laïka aurait aimé que je l’aide à meubler le silence, mais je n’en voyais pas l’intérêt. Je pouvais presque la sentir tressailler intérieurement. Elle finit par ouvrir la bouche à nouveau.
— C’est probablement ridicule de dire des choses comme ça à notre âge, mais [...]»
Beurk... Trois phrases de suite qui commencent par «JE»? C'est horrible. 
«Elle se tut, le sac en papier qui contenait son dîner toujours intact sur ses cuisses. Le feuillage des arbres sur le campus ondula et je me surpris à guetter une brise qui ne vint pas jusqu'à nous. Du coin de l'oeil, je pouvais apercevoir Laïka qui se mordait les lèvres.
— C’est probablement ridicule de dire de telles choses à notre âge, mais [...]» 
Voilà. C'est mieux, non?

jeudi 4 août 2011

Réflexion sur l'écriture - Troisième partie

Chaque manuscrit m'amène à ma limite...

***

Je cours trop longtemps et trop loin maintenant pour ne pas être curieux. Je calcule mon trajet sur Google Map et je réalise que je cours maintenant 5km sans m'arrêter avant de rebrousser chemin et de marcher jusqu'à la maison.

La semaine dernière, j'en parle à Copine. Toute enthousiaste, elle s'extasie devant mes performances. Puis, cruelle, elle ajoute: tu devrais faire tout le trajet sans t'arrêter!

Euh... ça va pas?

C'est loin, que je lui dis. Je passe par ci, traverse cela, cours tout ça et quand j'arrive au bout, je suis vidé.

Courir le double de ma distance maximale... pfff...

***

... Limite que je m'efforce d'enfoncer chaque fois.


***

Hier je l'ai fait.

10 km. La fournaise brûle et mes vieux souliers craquelés me propulsent. Le vieux cheval se fout pas mal de moi maintenant quand je passe. Tout comme les moutons que j'ai découvert plus loin. Les vaches sont un tantinet plus curieuses mais se montrent tout de même un peu blasées.

Quand je rentre à la maison, les étoiles percent maintenant la nuit qui tombe. Je m'imagine déjà faire la même chose dans la noirceur d'octobre, dans la morsure de novembre et sous la neige de décembre.

***

Dans mes courriels m'attendait un premier avant-goût de commentaire au sujet d'Averia 1. Mon frère, fidèle lecteur et otage de mes manuscrits, me livre ses impressions sur les 70 pages que je lui ai envoyées.

C'est bien. C'est très bien. Je semble atteindre les objectifs que je m'étais fixés.

Le mélange prend. Le dosage n'est pas encore parfait, mais ça prend.

C'est ce que j'espère réussir avec ce manuscrit... À chaque fois, je vais au bout de moi-même. Je lance toutes mes énergies dans l'écriture, sans réserves, et j'en extirpe un texte qui représente la somme de mes capacités du moment, le meilleur des leçons apprises jusque là. Et, contre toute attente... j'accomplis le double de la distance avec le suivant.

Je comprends les refus pour Averia version 3 et 5.

Mais depuis... il y a eu Tharisia version 2 et 3, Tharisia 2 version 1 et 2...

Avec Averia, sixième mouture, je compte encore aller au bout de moi-même... J'ai espoir, le mince espoir, de finalement y faire poindre l'ombre, le scintillement d'un potentiel.

Qu'il attire l'oeil d'un éditeur... qu'il lui fasse dire «J'ai confiance mon gars...»

De toute évidence, je n'ai pas encore réussi à convaincre de mon potentiel. Que ça valait la peine de travailler avec moi pour faire jaillir le meilleur de mon texte.

***

Ça s'en vient.

***

Ajout: 
Je vous rassure, il s'agit bien du dernier texte que m'inspire mes 8 et 9e refus. Nous retournons maintenant à notre programmation habituelle (c'est dire ligne éditoriale floue, imprécise et répétitive). Allez, je vous libère.

mercredi 3 août 2011

Réflexion sur l'écriture - Deuxième partie

J'écris mieux que hier, mais moins bien que demain...

***

Le premier texte que j'ai commencé à travailler sérieusement date de 2007-2008. Né à peu près dans les mêmes circonstances qu'Averia 2 ans plus tard, la trame du récit s'est révélée d'elle-même. Une étincelle poignante. L'envie de raconter l'histoire d'un gamin préhistorique qui cherche sa place dans sa tribu, tiraillé entre les idées progressistes du sorcier et les impératifs de survie inculqués par le chef du clan. Garçon qu'on avait échangé à sa naissance contre une pierre gravée. Le tout premier mot de l'humanité inscrit dans le roc.

Sa quête d'identité s'entremêlait à la recherche de ce premier mot disparu, de sa signification et des conséquences qu'il aurait sur l'Avenir.

La rédaction de cette petite histoire fut hélas brutalement stoppée lorsqu'une amie m'a évoqué le nom de Roy Lewis...

Dans ma tête, alors, Drou et sa tribu ne pouvait cohabiter avec les hominidés de M.Lewis.

Le projet est mort.

Mais en subsiste toujours une dizaine de pages (j'en avais plus, mais le document complet s'est évaporé quelque part).

J'en partage un extrait ici, histoire d'alimenter le reste de ma réflexion.

La tentation est forte d'en corriger les fautes et les maladresses avant de vous le présenter... :)

***

-Ah oui, Pow t’as parlé de magie... » Run le regarda de haut en bas, l’air de l’étudier. « Et qu’est-ce qu’il t’a dit exactement? »
-Il a dit que... d’autres sorciers lui ont parlé d’une nouvelle forme de magie lors d’un rassemblement . Une nouvelle magie... ancienne. Aussi vieille que le monde. »
             Les chasseurs s’aplatirent un peu plus contre le sol, alors que Run continuait de fixer Drou.
« On devrait peut-être s’en aller, Run » proposa Hagr. « Il se fait tard, le soleil commence à baisser déjà.
-Non, je veux entendre ce que le petit a à dire. Continue Drou. Qu’est-ce que t’as confié Pow au sujet de cette magie?
-On ne devrait pas parler de ça » fit faiblement Hagr en se bouchant les oreilles. « C’est interdit... »
             D’un signe, leur chef fit signe à Drou de continuer son récit, au grand dam des autres hommes recroquevillés autour d’eux.
« Pow dit que certains sorciers très puissants ont trouvé le moyen de... » Drou avala à grande peine sa salive, inquiet de toute l’attention concentrée sur lui. Mais de voir ces hommes accroupis devant lui, craignant ses paroles, fit naître en lui une certaine fierté. « le moyen de faire pousser des plantes. »
             Un long silence accueillit la fin de sa phrase. Avec lenteur, Run rompit l’épaisse lourdeur qui emplissait maintenant l’air.
-C’est impossible Drou. Ce sont les esprits qui font pousser les plantes et les arbres. L’homme ne peut pas faire pousser quoi que ce soit. Comment veux-tu que l’homme soit capable d’une telle chose?
-Je.. je ne sais pas moi non plus, chef mais...
-Mais quoi? » lâcha lentement Run, en appuyant sur chaque mot, comme une sourde menace.
« Mais Pow dit que c’est possible. Ils font pousser des herbes spécialement pour les rassemblements de sorciers et ils les fument lors de leur réunions secrètes et...
-As-tu déjà vu une plante pousser, Drou? »
             Drou était un jour resté planté pendant des heures devant une petite pousse sans jamais la voir bouger. Il avait finit par mettre fin à son étude car il craignait que ses yeux finissent par sécher.
« N-non, mais forcément qu’elles... » commença-t-il.
-Il faut attendre des journées entières avant que les plantes ne grandissent de quelques doigts. Il faudrait rester sur place pendant des dizaines de lunes avant que la plante ne soit comestible. Et il faudrait peut-être attendre plus d’une saison avant que tes plantes qui poussent grâce aux hommes ne donnent finalement des fruits. Tu connais beaucoup de tribus qui survivraient en restant bêtement au même endroit pendant tout ce temps?
-P-Pow dit que c’est ce à quoi ressemblera l’avenir...
-L’avenir? C’est ce à quoi ressemblera l’avenir? Une bande de clowns qui gratte la terre tout en crevant de faim en attendant que les plantes finissent par pousser? C’est ça l’avenir? »
          
            Run commençait à être bruyant et Hagr, qui s’était finalement déboucher les oreilles, tenta de le calmer.
« Run, calme-toi! Les types qui grattent vont t’entendre!
-Je vois ça d’ici! Dans une caverne en train de geler jusqu’aux os, sans rien à manger parce que le sorcier leur a dit qu’il ne fallait plus suivre le troupeau. Oh non! Ne suivez pas ces gros mammouths bien gras et laineux! Attendez plutôt ici dans le froid et la neige que ces petites plantes toutes blanchâtres jaillissent du sol et nourrissent toute la tribu.
-Run, je crois qu’ils nous ont repérés... »
-C’est possible! » fit Drou. Il avait un picotement derrière les yeux. Il devait lutter pour ne pas laisser couler ses larmes. « Pow dit qu’il faut penser et aller vers l’avenir! »
-L’avenir! » continua Run. « Il peut bien avoir le temps de penser à l’avenir, lui! Lui, il n’a pas à chasser, lui. Il n’a pas à traquer le gibier, à suivre ses traces, à deviner quel chemin il prendra, quand il s’arrêtera pour boire et se reposer, quand il sera vulnérable, quand nous devrions l’attaquer, comment le prendre au piège. Il n’a pas à faire tout ça. Il n’a pas à faire tout ça tout en ayant en tête que la tribu a faim. Que s’il ne ramène pas le gibier, la tribu ne pourra pas manger. La tribu ne dépend pas de lui et de ses idées sur l’avenir. Lui, il n’a qu’à nous protéger des esprits. » Il dit cela en faisant un vague geste des bras dans les airs.
« Mais il faut penser à l’avenir!
-Pourquoi?
- P-pour se libérer de tout ça!
-Se libérer de quoi? C’est comme ça que vivaient nos parents et c’est ainsi que mourront nos enfants. Penser, c’est s’arrêter. Et si on s’arrête, on meurt.
-Et si on ne s’arrête pas maintenant » dit Hagr. « Ou plutôt, si on ne court pas s’en s’arrêter maintenant, on meurt aussi. »
             Run et Drou cessèrent de se regarder et réalisèrent qu’ils étaient observés par les « types qui grattent la terre ». Le petit bout de cervelle qui s’occupe de ce genre d’urgences prit le relais et décida de monopoliser l’ensemble des fonctions cérébrales pour, ce qui sembla s’imposer de plus en plus comme la seule solution envisageable après une étude approfondie, courir à toutes jambes dans l’autre direction.
***

... mais je me reconnais toujours. Un quelque chose subsiste entre les lignes.

***

Je reconnais une tendance. Mon habitude de toujours mener le récit par le dialogue. Le plaisir que j'éprouve à étoffer mes descriptions est récent, je le rappelle. Dans ce vieux texte, je reconnais mon genre d'idées, ma façon de les amener, la structure de mes dialogues. Tout a beaucoup évolué depuis, mais en lisant ce texte, j'y discerne aisément mon point de départ. 

Je reconnais surtout mes défauts. Un paquet de trucs que j'ai traîné jusqu'au début 2010, quand j'ai enfin commencé à comprendre que quelque chose clochait.

Les points de départ me fascinent toujours un peu, je dois l'avouer... L'origine des choses. Comment tout à commencé... L'étincelle qui a tout déclenché. 

***

Et vous? Outre un vague sentiment de gêne, qu'est-ce que vous évoque vos premiers écrits?

lundi 1 août 2011

Réflexion sur l'écriture - Première partie

Je ne sais pas écrire...

***

Voilà. C'est un bon départ.

***

J'ai reçu mon 8e refus en carrière il y a un peu plus d'une semaine. Et je peux pratiquement hausser ce chiffre encore, puisque j'ai récemment lu sur le site d'un éditeur de qui j'attends une réponse «Si nous ne vous avons pas contacté dans les six mois, c'est que votre manuscrit n'a pas été retenu.» Durée de l'attente à ce jour: 7 mois et demi.

***

9 refus.

«Quessé qu'y comprend pas encore?»

Je sais pas. J'ai la tête dure.

***

20 000 mots pour la sixième réécriture d'Averia 1. C'est la métamorphose la plus drastique et la plus significative jusqu'à maintenant. On approche dangereusement du «tout ou rien».

***

Réflexion sur l'écriture, Première partie --conclusion--


...mais j'en tire beaucoup de plaisir.