Grande envie de censure.
Ou d'ouvrir le blog pourquoijtencriss.blogspot.com (c'est disponible, j'ai vérifié).
Ça ou dormir plus qu'une heure par jour. Ça aussi ça pourrait faire la job :)
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Ai passé au travers de mon recueil de nouvelles de Tchékov.
Grande déception.
Ce n'est pas comme dans mes souvenirs. Il me semble qu'il y avait quelque chose de plus... transcendant. C'est peut-être seulement la sélection des nouvelles qui laisse à désirer.
J'ai le souvenir d'un petit texte qui m'avait littéralement jeter sur le cul (quel langage sur ce blog!). On y suivait la ''dispute'' d'un jeune couple dans une boutique de vêtements ou quelque chose dans le genre. On virevoltait autour de la jeune fille et de son prétendant alors qu'ils s'obstinaient tout en servant les clients, s'envoyant quelques piques discrètement, s'adressant des répliques sans avoir l'air de se parler directement.
Et le plus fort, c'était que c'était nous, le lecteur, qui virevoltait dans la boutique. De sa plume, Tchékov nous amenait, dans un coup de vent, depuis la rue jusqu'à l'intérieur, nous faisait zigzaguer au même rythme que les deux tourtereaux, entraînés dans leur mouvement, puis nous disparaissions à nouveau dans la rue, aspiré par la porte que venait d'ouvrir un client.
J'avais refermé le recueil. Sur le cul (oui oui!). Je venais de ''vivre'' le mouvement. C'était des images en mots. Tchékov venait d'inventer le cinéma. C'était banal, une petite histoire bien cute. Mais... c'était le mouvement. Je me répète, mais je vois mal comment l'exprimer autrement. Les mots qui t'entraînent quelque part. Nous faisant suivre un trajet bien précis.
Bref...
Cette nouvelle ne faisait pas partie de ce recueil...
***
Alain est de retour à l'usine.
Alain avait été engagé lorsque j'étais passé du statut d'étudiant à celui de temporaire il y a trois ans. Mon Tech me l'avait confié. Je l'ai pris sous mon aile. Mais maudit qu'Alain avait de la misère. 40 quelques années, il se débrouille un peu sur internet (lespacs... bien sûr), mais est largement écarté dans le fouillis de nos sytèmes informatiques désuets que nous utilisons à l'usine. Alain faisait beaucoup d'efforts. Mais ça y rentrait pas dans tête.
Et à moi on demandait des comptes. Comment ça s'fait qu'Alain fait encore des erreurs. Comment ça s'fait qu'il est pas encore prêt à se débrouiller seul pour telle job. Pourquoi Alain a pas fait tel truc?
Et moi je le défendais. Je leur disais qu'Alain était un gars travaillant. Qu'il voulait ben fort. Ils l'entraînaient quelques fois ailleurs, sous la supervision de quelqu'un d'autre. Mais on finissait invariablement par me le remettre dans les pattes. Tiens Pat, entraîne-le toi. Et moi je commence à être nerveux. On commence à perdre patience avec Alain.
J'aurais pu me dissocier de lui. Prendre mes distances et dire à mon tech ''Ben non hein? Alain comprend vraiment rien.'' Je savais que ma tête ne risquait pas de rouler en même temps que la sienne s'il commettait vraiment une erreur grave, mais tous les autres avant moi s'en était lavé les mains. ''Alain est pas vite vite. Alain se pogne le derrière. Alain a encore fait une erreur...''
Vacances d'été. Les deux postes sur le dock sont libres. On m'y envoit avec Alain. Tiens Pat, entraîne-le sur le dock.
Et voilà... Alain trouve sa voie. Sur le quai, il est comme un poisson dans l'eau. En une semaine, il devient le maître. Rien ne lui échappe. Il bosse comme jamais.
En une semaine, tout le monde ne jure que par lui. ''Ouais, avec Alain sur le dock, on a un méchant bon line-up!''
Ouais, tu parles...
Et moi on m'envoit de week-end. J'ai accompli ma mission. Alain vole de ses propres ailes. Je ne le vois plus qu'une fois par semaine, lorsque je fais mon retour.
Et, c'est drôle, Alain est toujours là pour moi. Je mentionne que ma laveuse est brisée. Dans l'après-midi, il me donne une liste de laveuses à vendre et de numéros de téléphone. Il a épluché le journal et les petites annonces pendant son break.
Je suis dans l'jus un matin. Alain est le premier à venir m'aider.
Ma blonde se fait mordre par un chien (ouais, c'tait pas drôle ça), devinez qui c'est qui se propose de faire de l'over pour me remplacer?
Et ce matin, je revois Alain. Après neuf mois d'absence, il est de retour.
-Crime. J'savais qu'ils étaient mal pris quand ils m'ont réengagé il y a un mois, mais je savais pas qu'ils étaient désespérés à ce point-là.
Alain rit de bon coeur. J'en rajoute.
-Pourtant, avec tout ce que j'ai dis au boss sur toi depuis qu't'es parti, j'suis surpris qu'ils t'ont repris pareil!
-T'en a pas dit assez faut croire...
Non Alain. T'as raison. J'en ai même pas dit la moitié...
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