vendredi 10 septembre 2010

La guerre au verbe être

Je crois que j'ai la lèpre.

J'ai eu la grande joie de contracter le rhume d'un ami de Longueuil. J'aurais dû me méfier du tas de mouchoirs qu'il entassait à ses côtés pendant la soirée.

Les symptômes se sont révélés sournoisement au fil de la semaine, devenant impossibles à masquer hier en après-midi.

Ce matin, mes collègues, très subtilement, longeaient les murs pour m'éviter. Moi qui croyais incarner l'essence-même du travailleur idéal, celui qui persévère à ses tâches malgré son système humanitaire en lambeaux. Mais au bureau, ils sont plus de l'école «garde tes microbes chez vous»!

J'ai donc capitulé. Je suis lâchement retourné chez moi.

***

Juché sur mon clavier, recroquevillé sur une tasse de thé chaud (agrémenté de doux miel), je lance quelques mots de plus pour le premier jet de Tharisia 2.

1000 de plus. Mais je me suis promis de ne pas faire la course cette fois (du moins, jusqu'à ce que tous ces fous du NaNoWriMo ne me contaminent avec leurs idées excentriques).

Écriture toujours un peu rouillée. Je piétine.

***

Alors je réfléchis aux suggestions que m'a offertes Nouvelle-Paire-de-Yeux. Elle tente de me sensibiliser à  mon utilisation (parfois excessive, j'en conviens) du verbe Être.

Et je me demande si cette croisade est justifiée dans tous les cas...

Je vous donne un exemple.

«Discuter avec Laïka était presque plus épuisant que d'écouter Myr me sortir les mêmes âneries. Au moins, Myr était divertissante. Elle devenait toute rouge et se mettait en colère. Laïka, elle, abordait le même sujet avec désinvolture. Alors que ma soeur semblait vibrer de rage, Laïka déclarait tranquillement que la violence était  la seule solution possible.»

NPdY me suggère ceci:
«Discuter avec Laïka était presque plus épuisant que d'écouter Myr me sortir les mêmes âneries. Au moins, Myr me divertissait. Elle devenait toute rouge et se mettait en colère. Laïka, elle, abordait le même sujet avec désinvolture. Alors que ma soeur semblait vibrer de rage, Laïka incitait tranquillement à la violence.»

Bon... en le recopiant, je crois bien m'être convaincu moi-même du bien-fondé de cette correction. Moins de verbes «être» enrichit le texte...

J'ai seulement de la difficulté à faire le deuil de certaines formulations. Dans ce cas-ci, je trouve «Myr me divertissait» beaucoup plus agressif que «Myr était divertissante».  La formule qu'elle me conseille donne l'impression que Seki cherche à provoquer sa soeur et qu'elle en retire du plaisir. La phrase originale est proche, mais me semble beaucoup plus douce.

M'enfin! Qu'est-ce que j'en sais, je suis écrivain, pas correcteur ;)

Allez, je retourne à la traque d'Être.

5 commentaires:

  1. J'ai toujours du mal avec ces chasses aux sorcières systématiques. Dans ton exemple, certaines phrases peuvent sembler mieux, mais le sens change effectivement (surtout la troisième)

    RépondreSupprimer
  2. Ouais, je suis mal à l'aise aussi avec le sens que prend la dernière phrase. «Incitait à la violence» me semble très général. Alors que la formule originale faisait directement référence à la conversation qu'elles venaient de tenir. C'était plus spécifique.

    M'enfin, je jongle encore avec tout ça!

    RépondreSupprimer
  3. Dans le cas de ta première phrase « Myr me divertissait », je dirais que ta correctrice a vu juste. Dans mes nombreux livres sur la réécriture, tous les auteurs suggèrent d'écrire des phrases à la voix active, et d'éviter les verbes passe-partout comme le verbe « être », les « il y a », les verbes « faire », « avoir »...
    Pour ce qui est de la formulation de ta troisième phrase, tout dépend du contexte. La correction que ta réviseure a apportée change vraiment le sens de ta phrase. C'est toi qui as le dernier mot, c'est toi l'auteur, donc c'est toi qui sais ce que tu as voulu vraiment dire, ne l'oublie pas.
    Suggestion: Afin d'éviter les répétitions de même mots, tu pourrais tout simplement revoir le paragraphe au complet en te demandant quel est sa raison d'être, à quoi il sert, finalement, dans ton histoire, qu'est-ce qu'il apporte de plus à ton intrigue et aux personnages. Parfois en réfléchissant à ces questions, on approfondit et on trouve de nouvelles formulations qui précisent davantage notre pensée. Tu peux aussi bien sûr utiliser un bon dictionnaire des synonymes.
    Dans ton extrait, tu nous fais connaître la soeur du protagoniste et Laïka par les yeux de ce dernier. Tu as fait ce qu'on appelle de la description expérientielle. (Voir un de mes billets sur ce sujet)C'est très bien, Pat. C'est le portrait de deux personnages vu par une conscience qui est celle du protagoniste. J'aime beaucoup cette façon de décrire, que ce soit avec une narration au « Je » comme celle que tu utilises ou au « Il ».
    Est-ce que tu as essayer de l'écrire autrement, juste pour le fun, pour voir ? Des fois, on peut trouver mieux, des fois on peut trouver pire. Mais on ne perd rien à essayer...
    Bonne réécriture, cher écrivain.
    Annie :o)

    RépondreSupprimer
  4. C'est vrai qu'il y a des verbes faibles (être, avoir, faire, etc)et qu'il faut éviter d'en abuser. Mais, parfois, cela ne vaut pas la peine de tout changer juste pour en éviter un.
    Antidote a une fonction qui repère justement ces verbes faibles. J'ai remarqué qu'il en laissait passer certains, comme s'ils étaient justifiés, dans certaines phrases.
    Je crois que le danger est dans l'usage excessif, comme tu dis.
    À, à, à ... à tes souhaits!! Bonne convalescence ;)

    RépondreSupprimer
  5. @Annie
    Oui, plus j'y réfléchis, plus je vois que mon amie a raison.
    Y a que moi pour s'attacher inutilement à des bouts de phrases comme ça ;)
    Je devrais mettre plus d'extraits sur mon blog, ça suscite des conversations intéressantes!
    Les conseils que tu m'offres me semblent judicieux. Je crois avoir réussi à intégrer cette règle d'or dans mes autres manuscrits (forme plus active, moins de verbes faibles), mais j'ai vraisemblablement de la difficulté à épurer Averia de toutes ces maladresses de débutant. À vue de nez, avec la quatrième réécriture, j'ai dû reformulé pas loin des deux-tiers du texte. Avec des résultats plutôt intéressants.
    Oh, et je suis content que tu aies remarqué la description expérientielle. Je me souviens avoir lu le billet à ce sujet sur ton blog et m'être dit «Ah, fiouh! Ça je sais comment faire!»
    C'est plus facile à réaliser avec un protagoniste ayant une très forte personnalité. Je suis, par exemple, très fier de certains trucs que j'ai réussi à écrire avec Tharisia... (bon sang... comme j'aimerais tout vous montrer...!)
    Merci de traîner sur mon blog! Ta présence est appréciée.

    @Karuna
    Je suis de ton avis. En éliminer le plus possible mais sans devenir fou non plus (ce qui m'amène à une autre question: être sain d'esprit et écrire est-il compatible!?!).
    Oh, Antidote. Potentiellement le nouvel amour de ma vie. Ouais, je devrais sans doute apprendre à lui faire confiance et utiliser ses fonctions plus avancées (au lieu de le coller à l'ingrate tâche de corriger mes fautes niaiseuses).

    Et merci pour les souhaits. Moi je vais beaucoup mieux. Mais je m'attends à trouver un bureau désert demain matin au travail!

    RépondreSupprimer