J'étais un peu perdu.
Et je croyais que c'était parce que j'essayais de mener de front les corrections d'Averia et le premier jet de Tharisia 2.
C'est sans doute pas l'idéal. Mais y avait pas que ça.
***
Depuis quelques jours, mon nouveau manuscrit m'inquiétait.
«Trop de morceaux à recoller» que je dis à ma copine. «C'est compliqué».
Elle m'écoute râler. Je lui explique mon malaise.
«Averia 2 et Tharisia n'étaient pas compliqués à écrire?» qu'elle me demande.
«Non.»
Et je lui résume, en deux phrases, quel est le moteur derrière Tharisia. Qui est Annika, comment elle se sent et ce qu'elle entreprend comme action.
«Et celui que tu rédiges en ce moment?» m'interroge encore ma copine.
«C'est compliqué» que je commence. «D'abord y a... Puis aussi...»
Elle m'interrompt.
«Mais non. Raconte-moi le en deux phrases. Comme pour le premier. Sur quoi écris-tu, Pat?»
***
Bon sang. Une autre leçon d'humilité.
Je voyais seulement les morceaux de mon intrigue. Ça m'empêchait de comprendre sur quoi j'écrivais.
C'est aussi simple que ça.
Le personnage, son émotion, sa transformation.
Voilà comment il faut réfléchir.
Le reste (l'action, le suspense, le développement des autres personnages, ...) se met en place tout seul.
Superbe réflexion, Patrice ! Tu es dans le vrai, et toutes les histoires devraient être basées sur le personnage. C'est son conflit intérieur et ses failles qui doivent être au coeur de l'histoire et qui devraient créer l'intrigue.
RépondreSupprimerEncore bravo, cher auteur !
Wow. Merci d'alimenter ma propre humilité. Jamais superflu, hihi!
RépondreSupprimer@Annie
RépondreSupprimerOui. Tu l'exprimes mieux que moi encore: conflit intérieur et failles.
C'est ce qui me captive quand je lis un livre et c'est ce qui me tient accroché à mon écran jour après jour.
@Karuna
C'est que c'est facile de perdre de vue l'élément central: qu'est-ce que j'écris au juste?
Alors au lieu de me perdre à courir après tous les fils d'intrigue que je compte rassembler dans ce manuscrit-ci, je reviens à l'essentiel, à ce qui est réellement important.
Dans mon cas: Annika et ce qu'elle vit comme transformation.
Heu... pas d'accord. L'histoire n'a pas nécessaire à être centrée sur le personnage.
RépondreSupprimerMais elle devrait toujours pouvoir se résumer en deux phrases! ;P
@Gen
RépondreSupprimerJ'ai beau me creuser la tête (champ de recherche plutôt limité, j'en conviens), je ne trouve pas d'exemples.
Que veux-tu dire par ''l'histoire n'a pas nécessairement à être centrée sur le personnage.''
Ben tu as des histoires où l'intrigue est le moteur et non les conflits intérieurs du ou des personnages. Ceux-ci existent, bien sûr (sinon les personnages sont en carton), mais ce ne sont pas nécessaire les moteurs qui font avancer l'histoire.
RépondreSupprimerUn exemple typique reste les histoires policières : ce n'est pas ton personnage principal qui en est le moteur, même s'il peut contribuer à l'avancée ou au ralentissement des événements.
Un autre exemple ce sont les romans où tes personnages sont très nombreux. Dans ce cas-là leurs relations sont plus importantes que leurs conflits intérieurs, même si ces conflits interviennent évidemment dans les relations.
Heu... j'pas sûre que c'est clair, mais bon... :p
J'ai quand même l'impression que ça tourne à vide si le personnage et ses caractéristiques ne sont pas au coeur de l'histoire.
RépondreSupprimerÀ quoi bon une intrigue diaboliquement efficace si on peut y substituer le personnage principal et le remplacer par n'importe quel autre.
J'ai l'impression qu'il faut que la quête, pour qu'elle en vaille la peine, soit liée au protagoniste. Il doit vivre une transformation. L'intrigue doit le faire grandir/souffrir.
Mais j'imagine que ça relève sans doute des préférences personnelles. Le personnage en relation à l'intrigue est un aspect important pour moi, alors que pour d'autres ça peut sembler secondaire.
Bref!
Attention : ton personnage doit avoir une relation avec l'intrigue, c'est sûr, elle doit le transformer.
RépondreSupprimerMais si ton intrigue ne pouvait arriver qu'à CE personnage-là, tu cours le risque d'avoir un personnage en carton, au service de l'histoire.
Tu vois ce que je veux dire?
Pour moi, l'intrigue et le personnage se développement en parallèle d'abord, puis ils réagissent l'un à l'autre.
Et des fois c'est très intéressant de regarder son intrigue et de se demander ce qu'elle donnerait si on remplaçait le personnage principal par le personnage secondaire et vice-versa! ;)
RépondreSupprimerPermettez que je m’immisce? Merci ;)
RépondreSupprimerJ’ai beau chercher, je ne trouve pas d’histoires fortes où l’intrique supplante significativement le vécu des personnages. À mon avis, un roman qui se centre sur les événements plutôt que sur les personnages doit ressembler un peu à un documentaire. Le plaisir du lecteur est de s’identifier. Pour ça, il a besoin de savoir ce que ressent le personnage (peut-être est-ce moins vrai pour les nouvelles). Bref, les deux sont nécessaires, mais je crois que la priorité va à la quête émotive.
@Gen
RépondreSupprimerAh! Mais je comprends tout maintenant. C'est parce que t'es historienne! T'es de l'école déterministe et tu considères que tout ce qui est arrivé dans le passé serait arrivé de toute manière, indépendamment des acteurs en jeu.
(clin d'oeil).
Bon, à trop vouloir défendre mon idée, je risque de me camper dans l'autre extrême et à ne plus faire de sens du tout.
Je suis d'accord quand tu dis que l'intrigue et le personnage se développe en parallèle. Mon point étant, qu'à mon avis, le personnage devrait recevoir plus d'attention de la part de l'auteur.
Car, en contradiction avec ce que tu dis, je crois que c'est en focalisant sur l'intrigue qu'on obtient des personnages en carton (tu voulais savoir ce que je reprochais aux Batman de Nolan? c'est la principale raison!).
C'était ce que je souhaitais exprimer dans mon billet: le personnage dans une situation plutôt que la situation dans laquelle gravite un personnage.
Je tournais en rond et je me suis dit «quel est le sujet que j'aborde? J'écris sur une série d’évènements, sur des morceaux d'intrigues? ou alors j'écris sur un personnage qui vit quelque chose...»
Mais je trouve ton idée de remplacement entre les personnages intéressante! D'ailleurs, je l'aborde un tantinet dans Averia 1 (où le personnage secondaire jette un regard sur ce qui arrive à l'autre et se dit «bordel, ç'aurait dû être moi!»).
@Karuna
Immisces-toi, je t'en prie! L'Avis d'Expulsion est fait pour ça!
Ouah! C'est à peu de mots près ce que je souhaitais exprimer.
Savoir, voir, comprendre ce que le personnage ressent. C'est la clé. Bien avant l'intrigue et les coups de théâtre.
Ce qui ne veut pas dire qu'il faille négliger l'intrigue, la trame, le rythme et tout le tralala. Mais, à mon avis, si ce n'est pas le personnage et sa «quête émotive» qui passe en premier, j'ai un peu l'impression que le roman passe à côté de l'essentiel.
Mais c'est variable d'un roman à l'autre (et encore plus d'un genre à l'autre). Le plaisir du lecteur varie. Et il faut respecter ça.