Chaque manuscrit m'amène à ma limite...
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Je cours trop longtemps et trop loin maintenant pour ne pas être curieux. Je calcule mon trajet sur Google Map et je réalise que je cours maintenant 5km sans m'arrêter avant de rebrousser chemin et de marcher jusqu'à la maison.
La semaine dernière, j'en parle à Copine. Toute enthousiaste, elle s'extasie devant mes performances. Puis, cruelle, elle ajoute: tu devrais faire tout le trajet sans t'arrêter!
Euh... ça va pas?
C'est loin, que je lui dis. Je passe par ci, traverse cela, cours tout ça et quand j'arrive au bout, je suis vidé.
Courir le double de ma distance maximale... pfff...
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... Limite que je m'efforce d'enfoncer chaque fois.
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Hier je l'ai fait.
10 km. La fournaise brûle et mes vieux souliers craquelés me propulsent. Le vieux cheval se fout pas mal de moi maintenant quand je passe. Tout comme les moutons que j'ai découvert plus loin. Les vaches sont un tantinet plus curieuses mais se montrent tout de même un peu blasées.
Quand je rentre à la maison, les étoiles percent maintenant la nuit qui tombe. Je m'imagine déjà faire la même chose dans la noirceur d'octobre, dans la morsure de novembre et sous la neige de décembre.
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Dans mes courriels m'attendait un premier avant-goût de commentaire au sujet d'Averia 1. Mon frère, fidèle lecteur et otage de mes manuscrits, me livre ses impressions sur les 70 pages que je lui ai envoyées.
C'est bien. C'est très bien. Je semble atteindre les objectifs que je m'étais fixés.
Le mélange prend. Le dosage n'est pas encore parfait, mais ça prend.
C'est ce que j'espère réussir avec ce manuscrit... À chaque fois, je vais au bout de moi-même. Je lance toutes mes énergies dans l'écriture, sans réserves, et j'en extirpe un texte qui représente la somme de mes capacités du moment, le meilleur des leçons apprises jusque là. Et, contre toute attente... j'accomplis le double de la distance avec le suivant.
Je comprends les refus pour Averia version 3 et 5.
Mais depuis... il y a eu Tharisia version 2 et 3, Tharisia 2 version 1 et 2...
Avec Averia, sixième mouture, je compte encore aller au bout de moi-même... J'ai espoir, le mince espoir, de finalement y faire poindre l'ombre, le scintillement d'un potentiel.
Qu'il attire l'oeil d'un éditeur... qu'il lui fasse dire «J'ai confiance mon gars...»
De toute évidence, je n'ai pas encore réussi à convaincre de mon potentiel. Que ça valait la peine de travailler avec moi pour faire jaillir le meilleur de mon texte.
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Ça s'en vient.
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Ajout:
Je vous rassure, il s'agit bien du dernier texte que m'inspire mes 8 et 9e refus. Nous retournons maintenant à notre programmation habituelle (c'est dire ligne éditoriale floue, imprécise et répétitive). Allez, je vous libère.
Wow, 10 kilomètres, chapeau!
RépondreSupprimerMoi 5 c'est pas mal ma limite (j'suis trop pesante pour mes pauvres genoux et je le sens dans les longues distances!)
Merci!
RépondreSupprimerDe mon côté, ce sont mes chevilles qui souffrent après de telles distances.
Quel bon billet. En quelques mots, tu réussis à nous faire entrer dans ton univers et tu nous accroches. ;)
RépondreSupprimerSylvie!
RépondreSupprimerJ'suis content que tu aimes ce texte. Honnêtement, j'étais plutôt convaincu d'avoir publié trois billets fades de suite.
À bientôt!