mardi 26 avril 2011

Fragments

Oh et tant pis :)

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Par hasard, alors que je valse entre des morceaux de Pink Floyd, de The Doors et de Led Zeppelin, éternelle trame sonore de mes longues séances d'écriture, un minois m'attire sur Youtube. Un groupe que je ne connais pas. De jeunes Britishs qui triturent des guitares. Je clique.

J'achète.


Leur son possède une texture. Une couleur. Une profondeur qui gratte l'oreille.

Un son un tantinet lourd parfois (surtout dans les enregistrements «live»), mais souvent racheté par un fragment de mélodie qui se faufile à notre insu, qui s'insère dans le vrombissement, en filigrane entre la distorsion abondante et les percussions brutales.


C'est la finale de ce morceau qui m'a gagné. À partir de 2:50, je ne m'attendais pas à ça.

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Je traîne dehors avec Cabot. Celle-ci fouine dans les plates-bandes, reprenant là où elle l'a laissé son interminable quête du bout de gazon parfait pour satisfaire ses envies pas si pressantes. L'herbe est humide, les criquets chantent et l'air est lourd. Voisin ramasse des vers dans la rue.

Il m'aperçoit et vient tapoter la tête de chien-chien.
-Comment va? que je lui demande.

Voisin me raconte Pâques avec ses petits-enfants. De sa voix chevrotante, ponctuée de quelques inflexions cassées d'anglophone de longue date, il dévie sur son truck, sur le moteur de mon char, sur la température, sur le soleil. Puis, avec aisance, il revient sur quelques épisodes de sa vie mouvementée.

Il me parle de ses longs trajets à travers la Nouvelle-Angleterre, de ses difficultés à se faire payer alors qu'il transportait foins et bétail dans son vieux camion.
-On travaillait fort, quand j'étais jeune, me rappelle-t-il. Et pour pas grand chose.

Et moi j'écoute, je commente, j'aiguille la conversation.
-Dire que j'avais l'impression de me faire avoir quand j'ai commencé à travailler au zoo pour 7$ de l'heure! que je lui confie.

Voisin se fait vieux, constate-t-il. Demain, il retourne chez le médecin pour cartographier son coeur sexagénaire. Il a rendez-vous en même temps que sa fille. Qui elle doit voir son radiologue.
-Maudit cancer... murmure-t-il.

Voisin ne me laisse pas le temps de rien dire et rebrousse chemin. Il rentre chez lui, son plat à moitié plein de vers et son vieux coeur de routier un peu plus vide.

Ou un peu plus lourd. Je ne sais trop.

Aie...

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En ai parlé récemment, mais j'aimerais réitérer mon amour pour Hunger Games, premier tome.

Pour moi, tout réside dans le personnage.

La fille qui, après la mort accidentelle de son père dans la mine de son district, doit lutter pour subvenir aux besoins de sa famille. Katniss qui en veut à sa mère d'avoir craqué, de les avoir pratiquement condamnées, sa soeur et elle, à la famine, qui brave les interdits et qui chasse dans les bois pour rapporter de quoi se sustenter, qui surmonte les épreuves les dents serrées.

Katniss qui partage ce fardeau avec Gale. Deux chasseurs qui se méfient, qui s’apprivoisent, qui forment un pacte.

C'était un premier acte d'une rare puissance. Un point de départ captivant pour une trilogie post-apocalyptique.

Dommage que la série s'éteigne en quelques braises mal entretenues...

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Une réplique de Die Kameraden d'Erich Maria Remarque me hante depuis quelques semaines déjà.
''I'm not that either.''
''What are you then?''
''Only half, nothing whole. A fragment...''

Sur le coup, le réflexe est de ranger cette réplique sous la vignette «amoureux niais». Mais plus tard, quand le personnage n'arrive plus à travestir les stigmates de la maladie qui le ronge, on comprend mieux. Ce n'est pas «je suis incomplète sans l'amour, je cherche l'âme soeur», c'est plutôt «je suis brisée. un morceau m'est arraché et je ne peux compléter qui que ce soit, étant moi-même déjà à moitié happée vers la mort».

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Quelques pas de plus chaque jour dans la réécriture d'Averia 1.

D'ici peu, j'aurai retrouvé mon rythme.

C'est promis.

2 commentaires:

  1. Ton billet me dit que, par définition, la vie est une lutte. À petite et à grande échelle. Une lutte inéluctable.
    Beau billet.

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  2. Une série de combats, à petite et grande échelle.
    Idée intéressante.

    Merci de ton passage, Sylvie :)

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