J'observe Chaton dévisager Saucisse, la tourterelle, sa silhouette génétiquement imprimée au creux de ses cellules sous la mention «Lunch».
Et ça me fait bien rigoler.
«Minou, mange pas ton frère...»
***
Vous voulez savoir ce qui me fascine?
L'origine de l'Homme.
Si j'ai le malheur de croiser un article sur le sujet, je ne peux m'empêcher d'en dévorer les lignes, d'engloutir les informations et de rêvasser bêtement.
Je me demande à quoi pouvait ressembler une vie entièrement dévouée à l'assouvissement des besoins élémentaires les plus pressants. Vite, il faut manger, se réchauffer, s'abriter et fuir ce tigranodon affamé (nom fictif, je l'admets, mais évoquant très certainement à l'oreille du néophyte que je suis une espèce de félin aux dents très longues, acérées et douloureuses).
Leur quotidien me passionne. À quoi pensaient-ils. De quoi parlaient-ils entre eux. À quoi aspiraient-ils, à crapahuter dans les savanes, à se geler dans les cavernes et à se hisser maladroitement sur leurs jambes postérieures.
Cet après-midi, je me suis assis à la table de pique-nique qui borde la grange réfrigérée qui m'abrite et je bouffais ma fameuse Pomme de l'Ignorance. Perchée sur les lattes de bois, je croquais négligemment dans le fruit, laissant mon regard dériver sur l'herbe qui verdit et sur les nuages qui trottinaient dans le ciel.
Mâche mâche, croque croque.
Un peu penché, les coudes appuyés sur les genoux. Je ne pense à rien.
Et j'imagine. Le même mouvement, la même action. L'homme préhistorique qui bouffe une pomme, juché sur un rocher. Il ne pense à rien de précis et savoure sa cueillette.
Ça me fait flipper. Carrément. Physiologiquement parlant, lui et moi sommes identiques (bon... d'accord, il est probablement un peu plus slim et moins engourdi que moi...). Lui a la tête pleine de stratégies de chasse, moi j'ai le crâne rempli de chiffres. Lui jure contre le petit nouveau qui a cueillis tout un tas de plantes indigestes, moi je chiale contre l'autre crétin qui a foutu des erreurs tout plein dans mon rapport hebdomadaire.
Mais si je m’assois tranquille deux minutes (et qu'on m'enlève mes vêtements encombrants), y a plus grand chose qui nous différencie, mon pote préhistorique et moi. L'expérience humaine se transforme, mais reste fondamentalement la même... Si je coupe le flots de niaiseries qui occupe mon quotidien, me revoilà en train de savourer un gros fruit juteux...
Vous réalisez, vous, que dans ma courte vie de pseudo-écrivain torturé, j'ai assisté à plus d'innovations technologiques que près de 30 000 générations (estimation généreuse) d'êtres humains? Des millions de types, morphologiquement très semblables à ce que nous sommes aujourd'hui, qui vivent exactement la même chose pendant des éternités.
Je pourrais en parler encore longtemps.
Ça me fait frissonner.
Ça me fait vibrer.
Ça me fait relativiser.
***
Relativisons mon billet d'hier, si vous le voulez bien.
Ai flanqué le cinquième jet d'Averia 1 aux oubliettes... comme je l'ai fait pour tous ceux qui l'ont précédé jusqu'à maintenant.
Réécriture belle et bien entamée, oui oui.
2000 mots plus tard, je me sens mieux.
Merci de votre soutien. Vous m'êtes précieux, lecteurs. Désolé de vous entraîner à chaque fois dans mon blogodrame. Vous êtes patients. À votre place, ça ferait longtemps que je me serais administré une bonne dose de taloches thérapeutiques.
Hum... Je trippe autant que toi sur notre préhistoire, mais...
RépondreSupprimerIl est totalement faux de prétendre qu'on a vu plus d'innovations technologiques que les gens de la préhistoire. D'un point de vue "impact sur le quotidien", essaie d'imaginer ce que fut l'invention du concept de vêtement. Celui du récipient (panier, puis pot, puis marmite, puis réserve de nourriture...). Et là je ne parle pas du feu.
À côté de ça, nous, on a vu quoi? Les téléphones qui rapetissent et qui deviennent portables? Les ordinateurs qui font la même chose? La télé en 3D? C'est encore un téléphone, un ordinateur et une télé. C'est encore des moyens de communication à distance.
Ils découlent tous des tam-tams, des dessins tracés sur les parois.
Moi ce qui me fascine avec la préhistoire, c'est qu'elle était peuplée d'homo sapiens identiques à nous. Avec la même capacité d'invention, de raisonnement, de curiosité.
Les archéologues découvrent une quantité incroyable d'innovations et d'expériences qui ont été faites à cette époque. Imagine : combien de temps est-ce que ça a pu prendre avant de découvrir la forme idéale pour une pointe de flèche? Et la meilleure technique pour la tailler ensuite? Imagine ensuite la différence sur leur quotidien quand les chasseurs se mettent à toucher leur cible beaucoup plus souvent...
Et imagine les histoires racontées dans ces cavernes. Des histoires inventées pour expliquer où va le soleil, d'où viennent les ventre ronds des femmes, qui sont ces gens qui vivent dans l'autre vallée...
Imagine tout ce qui était inexplicable, toute la place qu'ils avaient pour inventer...
J'adore lire le fruit de ton imagination débordante ! Tu es un tel raconteur. C'est magique!
RépondreSupprimerContente de voir que le "blues" du 5e jet soit du passé. Tu as tellement de talent, ce serait triste de le diluer dans les marasmes du doute et de l'inertie.
Continue ton excellent travail... la récolte sera extraordinaire, j'en suis certaine.
Relativiser. La clé du bien-être.
RépondreSupprimerTes mots comblent Karuna. Elle songe à devenir éditrice pour mettre le grappin sur ta série. ;)
@Gen
RépondreSupprimerHaha! Je savais que j'aurais dû être plus précis, tu ne laisses rien passer ;)
Le truc des 30 000 générations était un raccourci. J'ai lu récemment que les archéologues ont isolé une plage d'environ 100 000 ans pendant laquelle il ne semble y avoir eu, d'après les sites de fouilles et les fragments outils retrouvés, aucune innovation technologique. C'est à ça que je faisais référence, et non pas à l'entièreté de la préhistoire. 30 000 générations d'humains qui vivent à peu près dans les mêmes conditions, ça m'étourdit un peu.
Autrement, comme tu dis, il y en a eu des bouleversements chez nos ancêtres.
Mais, justement... comme tu dis, c'est cette similitude physiologique qui me fascine. Des homo sapiens identiques à nous, qui accumulent le savoir par petites bribes, par morceaux de compréhension accumulés... Un million de petits pas avant de mener à, même si tu le minimises un tantinet trop à mon goût, à une explosion du savoir à notre époque.
Des milliers de générations pour bâtir le frêle savoir de l'humanité... puis quelques unes à peine pour passer de la locomotive à l'avion à la fusée à qui sait quoi demain...
À mon avis, l'internet et les technologies de communication bouleversent autant les rapports entre homo sapiens que l'apparition du pagne ;)
Aie! On pourrait en jaser longtemps :)
Comme tu dis, les premières histoires pour tenter de comprendre ce monde hostile... le premier «oui mais pourquoi? Oui mais comment?» Le premier «et si on essayait...»
Je ne m'en lasse jamais!
@Lucille
RépondreSupprimerMerci beaucoup Lucille :)
Une amie qui me faisait récemment remarquer que mon blog tournait en rond m'avait suggéré de recommencer à parler un peu de ce qui m'allume en dehors de l'écriture.
Je suis son conseil et c'est ce que ça donne.
En ce qui concerne la récolte, je suis persuadé qu'elle finira par être récompensée. Je sème! Je sème! :)
@Sylvie
RépondreSupprimerMon pote préhistorique trouverait sans doute que je mène une vie bien étrange. À ses yeux, mes petites crises d'inspiration doivent lui paraître un brin ridicules ;)
Si jamais Karuna devient éditrice, je signe un contrat avec elle les yeux fermés! Oui oui, sans même lire les petits caractères.
Lucille a tout à fait raison, tu es un conteur né! Dès les premiers mots, tu nous as déjà captivés et tu nous entraînes dans ton univers. C'est vraiment bien de pouvoir te lire et avoir accès à tes pensées:)
RépondreSupprimerMeuh non on ne va pas te flanquer des taloches, on comprend trop ce que tu vis xxxx
RépondreSupprimerLe meilleur moyen de vaincre le doute, à défaut d'être le plus facile, c'est le travail. Alors lis, et écris surtout xxx
@Isabelle
RépondreSupprimerMerci Isabelle :)
C'est un réel plaisir de pouvoir échanger avec toi.
Continue d'alimenter ton blog, je te trouve un tantinet silencieuse ces temps-ci ;)
@Émilie
Écrire pour chasser les doutes!
Alleluia!
Ce n'est pas toujours facile, comme tu dis, mais c'est également la seule méthode que je connaisse.
merci d'être passée!
Merci d'écrire tes billets, Pat.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup te lire. Et surtout, aie confiance en toi, et ne désespère pas. Tu y arrives, le vois-tu ? Tes livres sont déjà publiés. Le temps, dans ce monde spirito-matériel, est relatif... Tout est déjà là, déjà accompli. Il ne nous reste plus qu'à y croire et à le manifester.
Facile à dire, difficile à faire, hein ? Je te l'écris, mais je me le dis aussi. Je suis la première à devoir me répéter sans arrêt ces mots, surtout lorsque je reçois une lettre de refus.
Alors, cher ami, à ton crayon... :-)
@Pat : Hum... j'aimerais bien lire cet article, qui contredit tout ce que j'ai toujours entendu dire... Et aussi la simple logique : l'humain, en 100 000 ans, aurait eu à s'adapter à des climats, des zones géographiques, etc, différents. Donc, penser qu'il n'a fait aucune innovation technologique voudrait dire qu'il s'est éteint.
RépondreSupprimerEnfin... De mon point de vue, nos changements technologiques modernes sont bien minces. Surtout quand on pense à leur fragilité et à tout ce qu'on ne sait plus faire.
@Annie
RépondreSupprimerEn tout cas, en attendant, je fais mon possible pour manifester beaucoup d'efforts ;)
@Gen
Bon. J'ai fouillé de fond en comble le site où je croyais avoir lu l'article, mais il reste introuvable. C'est donc que 1- je cherche mal ou 2- je l'ai lu dans une revue, ce qui signifie qu'il va rester introuvable.
Je n'ai donc pas beaucoup de viande pour appuyer mes dires. Seulement que les archéologues ne repèrent pratiquement aucune différence technologiques entre les outils façonnés par une même espèce comparés à ceux qui les précèdent de 100 000 ans.
Et puis, pour les changements technologiques «modernes», je te trouve un peu de mauvaise foi ;)
Les premiers hommes qui maîtrisent la mer versus le premier homme à s'élancer dans l'espace. L'humain qui invente la roue versus l'automobile qui réduit considérablement la distance entre les villes. Voire les technologies de communication qui anéantissent cette fameuse distance.
@Pat : Oh, attention : tu mentionnes le mot espèce. Ce qui caractérise l'homo sapiens (nos ancêtres) des autres pré-humains (qui non, n'avaient pas les mêmes capacités que nous), ce fut leur inventivité constante. Si ça se trouve, l'article abordait plusieurs espèces de pré-humains, qui utilisaient des outils, mais sans les perfectionner. (Et ça, oui, j'en ai déjà entendu parler : plusieurs pré-humains ont découvert l'outil, mais n'ont jamais poussé plus loin. On présume que ça s'est reflété dans leur adaptabilité à toutes les situations et que ça explique, ultimement, leur disparition).
RépondreSupprimerLa maîtrise de la mer et des routes (par les chariots d'abord) nous a apporté beaucoup plus que la maîtrise de l'espace. ;) Les communications, oui, c'est fantastique, mais si les systèmes s'améliorent depuis le téléphone transocéanique, ils restent, essentiellement, les mêmes.
Cela dit, c'est le point de vue de l'historienne! ;)
@Gen
RépondreSupprimerOuais, mais j'ai beau me creuser la tête, j'étais resté dans l'impression que c'était quelque part dans notre préhistoire «récente».
M'enfin, à défaut de pouvoir te fournir mes sources, je vais m'incliner.
Pour l'instant ;)