lundi 9 mai 2011

Je vais t'expliquer

«C'était pendant l'une des premières réécriture d'Averia 1, si ma mémoire est bonne. Ça devenait difficile et je chignais, probablement. Les choses n'avançaient pas à mon goût. Ne prenaient pas forme tel que je l'imaginais au départ. Et Azdy me disait ''lâche prise un peu.'' Va voir ailleurs pendant quelques jours. Délaisse ton clavier et change-toi les idées. Va jouer dehors (ou dans le trafic si tu ne cesses pas de m'embêter). Et je me souviens lui avoir répondu ''je crois, au contraire, que ce n'est pas le moment de lâcher prise''. 

«Je voulais rompre avec ce réflexe. Cette habitude de baisser les bras, même temporairement, devant l'épreuve. De lâcher le morceau quand ça devient difficile. Je comprenais le bien-fondé de son conseil, mais il faut que je t'avoue que j'avais alors en tête le douloureux souvenir de l'échec de mes études universitaires. J'étais loin d'être le premier de ma classe, mais j'accumulais d'excellentes notes. Encore mieux, mes professeurs de stages m'avaient jusqu'alors décerné des scores parfaits. Mais j'ai tout de même abandonné. Pour quelques bonnes raisons. Mais surtout pour un tas de mauvaises. 

«Y a des types que j'ai côtoyés au secondaire qui ont entrepris et mené à terme des études en médecine. Quand tu choisis cette voie, il n'y a pas de compromis possible. Quand ça devient difficile, t'as pas vraiment le choix: tu t'assis et tu étudies. Tu fais les sacrifices nécessaires, tu mets les bouchées doubles, tu veilles et tu souffres. Tu passes à travers. Je ne les imaginais pas s'arrêter devant chaque contrariété et soupirer ''ouin ben ça marche pas aujourd'hui, je vais aller faire un peu de roller, j'vais penser à autre chose pour le reste de la journée, je vais me plogger sur la télé et attendre''.

«Ces gars et ces filles-là se sont fixés un objectif et ont décidé qu'ils l'atteindraient coûte que coûte. Et moi, en comparaison, je suis là ''tralala je veux écrire''. C'est, avouons-le, mille fois plus facile comme accomplissement. Mais ça ne veut pas dire qu'il faut que je fournisse mille fois moins d'efforts.

«Nous avons tous une certaine quantité d'énergie disponible chaque jour. Comme une jauge qui se vide lentement. Elle se vide au bout de la journée, peu importe comment on la dépense. C'est facile de la dépenser en ''consommant''. En lisant, en écoutant la télé, en jouant à des jeux vidéos. C'est facile. Et pas nécessairement malsain. Sauf que, un moment donné, tu réalises qu'il ne te reste rien. Tu ne fais que vider ta vie chaque jour. Sans jamais ''produire''. Consommer sans produire. Comme un trou noir. 

«Alors qu'en choisissant de consacrer une partie de cette énergie chaque jour à quelque chose de concret... quelque chose qui te reste entre les mains.... quelque chose qui te définit, un truc que tu peux contempler, dont tu peux tirer une fierté, qui te permets de t'accomplir... 

«Bref...

«Voilà pourquoi je réagis bizarrement quand on me conseille de penser à autre chose ou de laisser Averia/Tharisia de côté. De travailler sur un autre projet. Car, j'ai trouvé ce que je voulais faire de ma vie, je me suis fixé un but et, quand on me donne ce genre de conseils, même si j'en comprends la teneur, ça me rappelle au contraire que ce n'est justement pas le temps de lâcher.

«Que c'est plutôt le moment de mettre les bouchées doubles. De baisser la tête et de foncer. De fournir plus d'efforts pour passer au travers.

«Je ne répéterai pas la même erreur. 

«Je n'abandonnerai plus

«Voilà pourquoi j'écris pratiquement tous les jours depuis deux ans.

«Et si un éditeur peut finir par s'intéresser à ce que je fais, tu vas comprendre le sérieux de ma démarche ;)»


18 commentaires:

  1. Deux remarques :

    1- J'ai connu des étudiants en médecin. Et ils faisaient comme tout le monde : un moment donné, ils allaient prendre une marche au lieu d'étudier, parce qu'ils en avaient besoin.

    2- Jamais je ne t'ai suggéré d'arrêter d'écrire, mais bien d'écrire d'autre chose. Ce n'est pas baisser les bras, c'est attaquer le problème sous un autre angle. Devant un mur, on peut patiemment creuser un trou dedans. Ou on peut lever les yeux, voir qu'il n'est pas très haut et sauter par-dessus! ;)

    Par expérience, travailler sur plusieurs projets m'a fait beaucoup progresser. Je sais qu'il y a des gens qui travaillent 15 ans sur un texte, puis le publient. Mais j'ai du mal à croire que c'est la majorité. Pour moi, en tout cas, je sais que ça n'aurait pas fonctionné.

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  2. Aie.
    Je savais que je n'aurais pas dû publier ce billet. Ou du moins, pas sous cette forme.

    1-J'ai bien conscience que les étudiants en médecine ne sont pas des machines. Ce que je retiens, ce qui m'inspire d'eux, c'est le fait de ne pas avoir abandonné après avoir été confronté à des épreuves un million de fois plus difficiles de ce que j'ai eu à surmonter dans mon parcours d'apprenti enseignant au secondaire.

    Je l'ai formulé un tantinet différemment dans mon billet, et j'avoue que ça donne une drôle d'impression. Et évidemment, ça implique aussi que moi, plus que quiconque, passe d'ignobles heures à faire (ouach!) autre chose qu'écrire. ;);)

    2-Je t'assure, je ne te vise pas spécifiquement lorsque je parle de conseils et de réactions. Au contraire, comme je l'ai dit, je comprends le bien-fondé de ces suggestions.

    Je cherchais seulement à illustrer que je ne comptais pas lâcher-prise.

    Mais, de toute évidence, je donne plutôt l'impression d'être un frustré qui mord les collègues avec qui il échange.

    Désolé :S

    Et je suis tout à fait d'accord avec toi quand tu dis qu'il faut travailler sur plusieurs projets pour progresser.

    C'est en écrivant Averia 2 que j'ai commencé à comprendre quelques trucs. Si j'étais resté sur le premier, je n'aurais pas avancé fort fort à date!

    Dans tous les cas, je réalise que j'ai encore écrit un billet tout croche ;)
    Vais attendre encore un peu, puis je vais sûrement le balancer à l'abri des regards.

    Merci, en passant, de traîner par ici, Gen. C'est très apprécié!

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  3. Pat, tu viens de me donner le coup de pied au c... dont j'avais besoin pour me sortir de ma torpeur. Je te remercie de tout coeur et si aucun éditeur ne s'intéresse à ton histoire... ouvre une maison d'édition et édite-là !! Elle aura un succès boeuf, cette histore parce qu'elle est écrite par une personne de coeur. Bravo !

    Merci encore !

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  4. @Lucille
    :)
    Merci beaucoup Lucille. Je me trouve chanceux de te compter parmi mes collègues virtuels.
    Tant mieux si je t'inspire des coups de pieds au c...
    Je me fie sur toi pour m'en distribuer également en temps et lieu ;)

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  5. Moi, je l'aime ton billet. Il me rejoint. Et il me donne le goût de continuer de travailler sur mon projet, encore et encore.

    Merci Pat!

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  6. @Pat : Mon contre-exemple des médecins se voulait plutôt un "on a tous droit à des pauses". Désolée : je connais pas beaucoup de gens qui baissent véritablement les bras, mais beaucoup qui se rendent malades à se vouloir parfaits!

    Et si je m'étais sentie véritablement attaquée, je ne t'aurais pas répondu, Pat, alors relaxe! ;)

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  7. Euh... Question : n'y a-t-il pas confusion, ici, entre lâcher prise et abandonner ? Les deux concepts sont très différents.

    Il faut certainement beaucoup de persévérance pour écrire un roman et finalement être publié. Mais la persévérance ne suffit pas. Il faut aussi (entre autres choses) de la souplesse, celle qui permet de s'arrêter, reculer, regarder l'oeuvre de loin, revenir et couper ce qu'il faut couper, réécrire ce qu'il faut réécrire... etc. Prendre des vacances de son projet, ce n'est pas l'abandonner.

    Ceci dit, chaque auteur a la liberté de choisir la méthode qu'il veut. Elle importe peu si elle permet d'arriver au but.

    Et puis, je sais une chose (et cela sans prétention) : certains épisodes de notre passé peuvent autant aider que déservir notre présent. La difficulté, pour tout le monde, c'est de prendre conscience des situations où la leçonn apprise n'aide pas. Est-ce le cas, dans l'exemple que tu nous donnes ? Il n'y a que toi pour le savoir.

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  8. @Gen
    Il n'y a personne dans ton entourage qui baisse les bras? Vraiment? On ne doit pas vivre dans le même monde.

    Autour de moi, y a des tas de personnes qui disent vouloir se remettre en forme puis qui abandonnent leur programme d'exercices, qui laissent tomber leur régime, qui quittent leur emplois, qui ne terminent pas leurs études, qui me racontent un tas de projets qu'ils n'entreprennent finalement jamais, qui entament un tas de trucs qui reste inachevé, qui ralentissent, qui mettent en veilleuse, qui «changent d'idée», qui laissent mourir, qui cessent de fumer/boire pendant quelques jours/semaines/mois pour mieux reprendre ensuite, ...

    Des j'aimerais faire ci, faire ça, voyager là-bas, découvrir ceci, ...
    mais qui abandonne après quelques pas à peine.

    Bref... :)

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  9. @Karuna
    On se comprend mal, de toute évidence.

    Et c'est ma faute ;)

    Je ne suis pas bloqué dans ce mode de pensée «il n'y a qu'une seule solution à mes problèmes et C'EST TRAVAILLER JUSQU'À L'ÉPUISMENT, GRRRRRRR!!».

    Ce que je tente visiblement mal d'exprimer c'est : peu importe les obstacles, je vais les surmonter.

    Prendre du recul est un outil formidable pour mieux avancer et j'y ai constamment recours. C'est ce qui me permet de voir ce qui cloche dans mes manuscrits entre chaque réécriture.

    Ce que m'as appris l'échec de mes études, ce n'est pas de me vérouiller dans une position et y tenir jusqu'à ce que la mort m'emporte. C'est qu'il fallait persévérer dans l'adversité. Ce que je compte faire en utilisant toute la panoplie d'outils qui sont à ma disposition, ce qui inclut lâcher son lousse et laisser aller de la pression. Ce qui inclut délaisser mes trucs, voir ailleurs de temps en temps.

    Je l'ai vraisemblablement exprimé de façon trop rigide dans mon billet. Je souhaitais seulement montrer un peu les dents, genre «GRRR! Je suis Patrice et je suis déterminé!»

    Du coup, j'ai fait ça tout croche et je passe (encore ?!?) pour un dérangé ;)

    Désolé!

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  10. Naaa! Tu ne passes pas pour un dérangé. Mais un passionné, oui ! ;)

    Il faut certainement serrer les dents. Il faut assurément être déterminé.

    Là-dessus, on se comprend.

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  11. Oui, bien sûr, je connais plein de gens qui laissent tomber leur régime, leur entraînement, leurs projets...

    Mais j'ai toujours l'impression que ces entreprises-là étaient fausses de toute façon. Ou alors ils les laissent tomber, mais en se sentant tellement coupables que c'est ça qui les rend malades, pas le fait de continuer à boire/fumer/engraisser, etc.

    Je ne connais personne qui a sérieusement travaillé 10 ans à quelque chose pour abandonner ensuite, même après l'avoir mis sur la glace un moment.

    Enfin, si, ma mère, mais t'as pas prévu faire un ACV? Alors on devrait être ok! ;)

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  12. Comme Isabelle, ton billet arrive à point dans ma vie. Ta passion et ta détermination sont contagieuses, Pat. Merci infiniment... :-)

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  13. Plutôt effacée sur ce blogue, je me permets un commentaire...
    Je suis plutôt en accord avec Karuna: il y a une différence entre lâcher-prise et abandonner. Tout comme il y a une différence entre avoir un rêve et avoir un objectif. De toute évidence, tu as un objectif.

    La question que je me pose, c'est : Quel est précisément cet objectif?
    Est-ce que tu désires être publié?
    Est-ce que tu désires qu'Averia soit publié?

    Si ce rêve que tu chéris est d'être publié, le fait de laisser de côté ton manuscrit pour écrire autre chose n'est pas "abandonner", mais plutôt "lâcher-prise". Ce peut être salutaire parfois d'écrire autre chose. Lorsqu'on change d'univers, de personnages, d'intrigue... c'est déstabilisant et on a tout à apprendre.

    Sans doute qu'après avoir pris d'autres chemins, tu désireras renouer avec ces personnages laissés temporairement de côté. Et peut-être qu'à ce moment, le monde de l'édition sera ouvert à ce manuscrit. Car il ne faut pas se leurrer, il y a beaucoup de "être au bon endroit au bon moment" dans ce domaine.

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  14. @Isabelle
    Wouah!
    J'avais pas vu ton commentaire. Je le répète: je suis un bien piètre correspondant.

    Je suis content que tu puises de la motivation dans mon billet :)

    À vrai dire, c'est surtout pour booster la mienne que je l'ai écrit!

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  15. @Julie
    Hum! Voilà une belle surprise :)

    Je le répète, j'ai été trop rigide dans mon billet. Lâcher prise est, comme tu l'exprimes si bien, salutaire parfois. Moi-même, j'aime bien écrire autre chose de temps en temps. Voilà pourquoi je m'empresse de participer aux initiatives de nos chers collègues blogueurs, comme avec le concours de nouvelle de M.l'Ermite (suis-je finaliste? suspense suspense!), pour m'aérer l'esprit.

    Bref, je crois que tu as parfaitement raison quand tu me suggères de mieux différencier «abandonner» et «lâcher prise».

    Sauf que... ;)
    (Je te jure, Copine se pince les bras lorsque je me contente d'un «Tu as raison» sans rien ajouter ;))

    Imagine un peintre.
    Il gosse sur sa toile depuis une éternité. Sur son blogue, il parle de ses traits qui sont tantôt trop fins, tantôt trop lourds. Il décide de retravailler sa composition, de changer les angles, les couleurs, les ombrages. Il esquisse les personnages différemment. Essaie autre chose. Met plus de lumière ici, un peu moins par là.

    Il a l'air de chialer, de se plaindre. Alors que, vraiment, il utilise son blog pour rendre compte de son cheminement et pour échanger avec ses amis peintres.

    Bref, il donne l'impression de traverser un moment difficile. Toute personne sensée lui suggérerait de prendre l'air. D'entamer une nouvelle toile.

    Sauf que, même s'il gribouille de temps à autre sur d'autres bouts de papier, c'est cette toile qui l'allume. Oui, parfois il se choque contre ses pinceaux, mais c'est ce sujet qu'il veut peindre. Il a cette vision bien précise en tête et il a accepté que le cheminement soit ardu. La passion qu'il entretient pour son projet ne peut se transférer facilement, ne peut être déviée sur un nouveau canevas. Sa toile est incomplète, se transforme, évolue, et le peintre n'a pas envie d'aller voir ailleurs pour l'instant. Son travail est inachevé.

    Hum... bref... je n'aboutie nulle part avec cette métaphore...

    Tiens, une plus simple, moins belle et plus efficace!

    T'as un marathonien qui court depuis 1 heure. Il lui reste encore long à parcourir. Tu ne vas pas lui demander «tiens, change de parcours une petite demi-heure et vient courir dans cet autre évènement sportif concurrent, tu reprendras ton marathon plus tard» ;)

    Alors!
    Tout ça pour dire: c'est Averia/Tharisia que j'ai dans les tripes en ce moment. Pas moyen de déloger ça. :)

    Merci énormément de ton passage sur mon blog!

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  16. @Annie
    Je n'avais pas vu ton commentaire non plus...
    Bon sang!

    Je suis très heureux que ce billet te plaise. Mais ne te leurres pas, quand ma détermination est en chute libre, c'est sur ton blog et sur celui de nos collègues que je traîne pour me ressourcer :)

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