1000 choses à ne pas dire
Que faire...
Ouvrir une autre petite fenêtre sur mon être... changer de sujet... pourquoi pas?
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L'an dernier, alors que je venais d'abandonner mes études universitaires et que je travaillais à temps plein chez IBM, j'allais souvent rendre visite à Julie pendant la semaine. Je revenais souvent très tard le soir et je trouvais la route longue de Sherbrooke jusqu'à Granby.
Une nuit, m'étant lassé d'écouter toujours le même poste de punk/alternatif, je décidai de jeter une oreille sur les autres stations de radio. C'est ainsi que je tombai sur une émission mystérieuse... The Signal.
En laissant mon radio syntoniser différentes stations au hasard, j'entendis soudainement une étrange mélodie qui éveilla ma curiosité. Je ne m'y connais pas beaucoup en musique, alors il m'est difficile de décrire avec précision ce qui faisait la richesse de la pièce. J'entendais différents instruments à la tonalité un tantinet distordante qui construisaient patiemment une ambiance sonore hypnoptisante. Les mêmes notes revenaient sans cesse, mais toujours avec une variation presque imperceptible. Et alors que le rythme commençait à m'envoûter, j'entendis naître une nouvelle mélodie. Un instrument au son plus clair prenait lentement sa place parmi les autres et semblait souffler un air lumineux, presque fantomatique dans la pièce musicale. Une mélodie qu'on aurait dit hantée dont les filaments auparavant tranparents s'étaient maintenant engouffrées dans mon champ de perception... Puis un crescendo vibrant des autres sons, comme une envolée subite, toujours avec la mélodie irréelle qui plane autour des variations sonores de plus en plus puissantes. Et le silence s'installe, les instruments se taisent peu à peu pour ne laisser que l'envoûtante danse du fantôme qui nous accorde un dernier tour de piste mélancolique avant de disparaître dans le silence...
Puis l'animatrice parle. Le grichement de ma radio aide à créer une ambiance 'retro'. La femme parle tout bas, d'une voix basse et énigmatique. Elle parle comme si elle évoquait de mystérieux secrets. Elle ne commente pas directement la pièce, mais parle des émotions qu'elle inspire, des réflexions qu'elle suscite. Je l'écoute. Je l'imagine dans un local sombre, une pile de disque à ses côtés. Elle parle au micro avec l'oeil pétillant et l'air conspirateur. Elle parle.
"The composer wants us to see the world as if we were sitting on the shoulders of a giant..."
Et je ne saisis pas tout ce qu'elle dit, à cause de ma radio qui griche. Mais je suis néanmoins captivé par ses paroles. Cela rajoute au mystère de l'émission, au mystère de l'étrange musique qui émane des ondes nocturnes. Elle enchaîne avec une autre pièce que je trouve tout aussi absorbante. Puis continue de parler comme si elle tentait d'enlever un voile invisible devant nos yeux. Elle pose des questions. On dirait qu'elle a quelque chose à nous faire réaliser de nous-même...
Toute les pièces me font penser à un film d'horreur. Un film d'horreur dont la peur s'installe doucement, donc l'angoisse naît d'un détail qui cloche et qui prend de l'importance... C'est d'ailleurs l'une des pistes que j'ai entendue sur cette émission que j'ai utilisée pour mon film Vive le printemps.
Avec le temps, The Signal perd de son mystère, mais quand j'ai besoin de me laisser transporter dans un autre monde lorsque je suis sur la route pendant la nuit, cette émission réussi toujours à titiller ma curiosité. Il y a toujours un petit quelque chose d'étrange. Une petite subtilité qui fait apparaître en moi la conviction que je suis en train de regarder un monde différent à travers une mince et fragile fenêtre...
Contempler le monde, assis sur les épaules d'un géant...
Lire un livre et être subjugué par la vision de l'auteur...
Regarder un film et en saisir le sens profond...
Écouter une chanson et se laisser transporter ailleurs...
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