Le vent souffle à peine depuis des semaines déjà.
Pas évident de naviguer, dans ces temps-là. J'ai le souvenir de traversée à la vitesse de l'éclair, toutes voiles gonflées.
C'est pas grave... À grand coups de clavier, jour après jour, ça finit par prendre forme quand même. J'avance.
Ma carte est incomplète, mais je comprends mieux où je m'en vais.
Les éléments s'imbriquent, grossièrement. Puis les détails laissés derrière remontent à la surface... Je délaisse les gribouillis de monstres marins dans les marges de ma carte... Quelque chose à l'horizon attire mon attention.
«Attends un peu... Et si...?»
«Et si...», ce sont les mouettes qui alertent les matelots de Colomb, en mer depuis des semaines, affamés, rongés par le scorbut.
Une mouette... Ça flotte pas, une mouette... faut que ça pose son arrière-train quelque part, sur une poubelle de McDo ou quelque chose...
Ok, y a pas de vent? Pas grave, on sort les rames. Go... Suivez cette mouette!
Elle danse dans le ciel. J'observe ses mouvements. Floup floup. Ses ailes battent, se tendent, rebattent.
Allez! Ramez, bon sang! Comme dans Ben-Hur, si y faut. Tiens, je vous donne le rythme. Suivez le bruit des touches. Tacatac, tacatac, tac tac! Ne laissez pas cet oiseau s'enfuir... Tacatac, tacatac, tac tac!
Elle est toute proche. Je discerne ses plumes mouchetées. J'y vois des mots. Le secret du manuscrit à achever, gravé dans son plumage. L'oiseau tourbillonne dans les airs, avec son regard dément.
Je dois avoir le même.
Les mots s'accumulent. La carte se noircit. Ma caravelle avale la distance, remorquée dans le sillage de la mouette. Enfin, je sais dans quelle direction placer les voiles. Elles se gonflent, se gorgent de phrases, d'idées. La vapeur me sort du nez. Pour peu, je me brancherais sur une turbine pour propulser mon navire (mais ce serait anachronique comparé au reste de la métaphore...).
Le nez rivé sur les plumes, je n'entends même pas la vigie, perchée en haut du mât, sur mon crâne, s’époumoner.
«Terre! Terre!»
Pourquoi tu me parles de la terre? Moi je veux aller bien au-delà! Imbécile de matelot... Suivez cette mouette, j'ai dit!
La caravelle heurte quelque chose. La plage, j'imagine, je ne regarde pas. L'embarcation glisse sur la sable, ralentit, s'embourbe, s'arrête. L'oiseau piaille («Crétin! Crétin!»), virevolte et poursuit son chemin, lancé sur une trajectoire qui m'échappe.
Ouf... Je pose le regard autour de moi. Les marins exultent. Leur joie me gagne peu à peu. Je... ah... oui... dans la foulée, j'ai terminé A5.
Mais des mots m'ont échappé. Ils volent, traînés par la mouette.
Les marins posent pied à terre, se lancent à l'assaut des fruits tropicaux. Drôle de festin.
Moi, déjà, je cartographie l'endroit, je fais l'inventaire des ressources de ce nouveau continent...
Mais mon regard porte vers les nuages... vers la mouette qui valse entre deux coups de vent, emportant ses secrets avec elle...
Et si je me gossais un avion en bambou... ?
***
Les pages que j'écrivais dans ma tête depuis un an ont trouvé le chemin jusqu'à l'écran, finalement.
Un grand ouf.
Un grand Yes, même.
Mais je n'ai pas fini...
samedi 26 janvier 2013
mercredi 2 janvier 2013
Comment je me sens
Au bureau, comme si un tracteur me passait sur la poitrine à répétition.
***
Dehors, je chasse la neige à grand coups de pelle. Essoufflé, je m'arrête et jejalouse convoite, l'espace d'une oeillade frustrée, la souffleuse de mon voisin. Quand je me tourne vers la maison, il y a Fiston qui me regarde par la fenêtre avec un sourire à vous exploser le coeur.
À la maison, j'éclate de rire.
***
Devant mon clavier, je me retrousse les manches.
Mon manuscrit d'A5 compte 93 000 mots. Je l'ai entamé le 21 janvier dernier.
Je le finirai avant qu'il ait un an.
Voilà comment je me sens. Prêt à escalader des montagnes. À les fracasser en morceaux. À les dévorer, s'il le faut. Mais je passerai à travers. C'est certain.
***
Dehors, je chasse la neige à grand coups de pelle. Essoufflé, je m'arrête et je
À la maison, j'éclate de rire.
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Devant mon clavier, je me retrousse les manches.
Mon manuscrit d'A5 compte 93 000 mots. Je l'ai entamé le 21 janvier dernier.
Je le finirai avant qu'il ait un an.
Voilà comment je me sens. Prêt à escalader des montagnes. À les fracasser en morceaux. À les dévorer, s'il le faut. Mais je passerai à travers. C'est certain.
mardi 1 janvier 2013
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