lundi 26 juillet 2010

Être honnête avec soi-même

-Euh… Patrice?

Je levai le nez de mon grilled-cheese (ma spécialité!). Julie, toute inquiète, se triturait maladroitement les mains.
-Y a quelqu’un sur la pelouse.

Je soupirai, pris une autre bouchée (miam!) et secouai la tête.
-Oui, je sais.

Cela ne sembla pas rassurer ma copine.
-Mais qui c’est? me demanda-t-elle, toujours nerveuse.

La réponse m’était hélas que trop évidente.
-Un crétin.

Julie jeta un œil par la fenêtre. Un voile de confusion passa subtilement sur son regard.
-Euh… dit-elle à nouveau. Tu sais qu’il te ressemble étrangement?

Je laissai mon repas sur la table. Je n’en avais pas tellement envie, mais il fallait bien régler ça un jour ou l’autre. J’ouvris la porte et sortis. Avec Kaya (le chihuahua familial) sur les talons, j’allai jusqu’au type qui se prélassait sur ma pelouse.
-Hey, fiche-le camp, veux-tu?

L’autre se tourna vers moi, but une gorgée de thé et tapota la tête du chien qui sautillait autour de lui.
-T’es de bonne humeur, ce matin, Pat. Je te verse une tasse de thé? Ça te calmerait un peu.

Je le dévisageai. L’autre afficha une mine faussement surprise.
-Ah… mais non. C’est vrai. Maintenant tu carbures aux boissons énergisantes, n’est-ce pas?
-Bon, qu’est-ce que tu me veux encore? lui demandai-je, exaspéré.

Sourire.
-Visite de courtoisie. Je viens te rappeler de vieux souvenirs, c’est tout.
-Ce n’est pas nécessaire. Fous le camp.

Il m’ignora.
-Comment avance la réécriture d’Averia?
-Va te faire…

J’avais pourtant l’habitude d’avoir des mots plus durs encore envers ce type, mais aujourd’hui, Julie était à la fenêtre et m’épiait…
-Tsss… Et moi qui ne souhaite que ton bonheur.
-Tu parles…
-Je me permets d’insister, pourtant : Averia 1, ça avance?

Je lui jetai un regard glacial.
-Tu le sais aussi bien que moi.
-Évidemment! Mais j’aurais aimé te l’entendre dire.

Kaya s’étira et alla se blottir sur ses genoux, mâchouillant un truc qu’elle avait ramassé sur le gazon.
-Je te connais bien, tu sais, fit-il.

Je roulai des yeux, mais l’autre ne s’en occupa guère.
-Je t’ai vu faire, continua-t-il. En quelques jours seulement, tu as relu et Tharia et Averia 2. Et ça t’emballe. Il y a bien quelques mots que tu changerais ici et là et ton tout dernier manuscrit aurait bien besoin d’un deuxième jet, mais tu sais que tu tiens quelque chose entre les mains.
-Je sais où tu veux en venir, soupirai-je.
-Et je sais quel genre de papillons tu as dans le ventre en ce moment. Je sais que tes pensées voltigent vers Tharisia 2. Tu aimerais te lancer dans sa préparation. Tu aimerais ouvrir les valves et laisser venir les idées. Avant même d’avoir réellement terminé Tharisia.

Mes épaules s’affaissèrent. Il avait raison, le con.
-Avant même d’avoir fini le travail sur Averia 1! s’indigna-t-il Bon sang Pat. Qu’est-ce que tu fous?

Je levai les bras en l’air.
-Tu sais que c’est difficile. D’ailleurs, si tu avais fait une meilleure job y a un an, j’aurais pas à me farcir tout ce travail.
-Hey ho, du calme. C’était mon premier roman. Je commençais. Toi, t’es sensé avoir pris de l’expérience. De la maturité. Je ne te sens pas tellement plus mature en ce moment.

Comme pour lui donner raison, je lui assénai une baffe.

À suivre…

5 commentaires:

  1. @Marc-André
    Hey! Merci!
    C'était amusant à écrire.

    @Karuna
    KARUNA !!! Tu es de retour?

    RépondreSupprimer
  2. Lol! Depuis mardi soir, en décalage et enrhumée (mes sinus ont failli exploser à l'atterrissage). J'avais hâte de retrouver mes copains blogueurs. À ce que je peux voir, tu travailles fort sur tes manuscrits et tu sembles en tirer une grande satisfaction.

    RépondreSupprimer
  3. Rho, c'est nul de rentrer de vacances dans cet état.
    Pauvre Karuna. Prends soin de toi.

    RépondreSupprimer