mardi 29 octobre 2013

Des choses horribles

J'épluche depuis quelques semaines déjà un immense ouvrage sur la seconde guerre mondiale.

Et j'y lis des choses horribles.

Horribles horribles horribles. J'ai pas d'autres mots.

Je sais même pas pourquoi je vous en parle, parce que je n'ai vraiment rien d'intelligent à ajouter sur le sujet. C'est con, parce que je savais déjà toutes ces choses. Mais ça m'affecte. Ça me prend à la gorge. Ça se glisse sous ma peau. Ça me déchire.

Des histoires d'horreurs.

Je n'en citerai pas, parce que je n'ai pas le talent pour le faire de façon adéquate.

Et puis... rah... Rien. Comme je vous dis, je n'ai rien d'intelligent à faire avec ce billet. Je n'ai pas de réflexion sur l'inhumanité à partager, pas d'enjeux à évoquer, de pistes à explorer sur la nature de cette violence repoussante et abjecte.

J'prends trente secondes de billets pour étamper ma réaction ici.

Ça me fâche. Je lis et je me colle le front sur les pages, le temps de faire taire mon imagination. Je lis et j'ai envie de secouer le livre à bout de bras. Je lis et ça m'attriste profondément.

Oui, bon, voilà le bon mot.

Ça m'attriste profondément.

Jusque loin loin loin à l'intérieur.

C'est ça.

lundi 21 octobre 2013

Salon du Livre de l'Estrie, jour 4

Et de quatre, youpidou!

Ce résumé arrive en retard, car j'éprouve de grandes difficultés avec ce %$&*&&!@$?%/ d'ordinateur... d'amour (Fiston lit par-dessus mon épaule, alors je censure...)

Mince récolte de photos en ce dimanche. La journée finissait tôt et je commençais plus tard. Oh, et, surtout, je suis sagement resté à ma table, pour une fois ;)

Sérieusement, ce Salon du Livre a été magique, d'un bout à l'autre. Je me suis éclaté avec mes collègues, j'ai beaucoup ri avec mes lecteurs et je ne me suis pas ennuyé une minute. Je retournais sur la route, chaque soir, avec un grand sourire accroché aux lèvres, sous mes paupières à moitié fermées (et en usant ce qui me restait de voix à chanter à tue-tête du Pearl Jam ou du Princess Chelsea).

Je le redis: Wow! 

J'insiste: Wouaaaaaow!

Quel Salon!

Allez, les quelques photos restantes:

Antoine attire les foules grâce à son sourire

Un échange de bouquins qui ne plaît pas à tout le monde!

Christian qui dissimule le prix de son livre, sans doute pour me piéger

Une conclusion violente mais amplement méritée pour Jonathan Reynolds au SLE

Épilogue: «Mais non, mais non. On t'aime Jo»
On se voit à Montréal!

(J'ai déjà des idées pour le photoroman... la Revanche de Reynolds?!?)

dimanche 20 octobre 2013

Salon du Livre de l'Estrie, jour 3

Et de trois, attaboy!

Court résumé, parce que fatigué (d'ailleurs, ça paraît sur les photos de moi qui circulent sur Facebook en ce moment! Rassurez-moi, je n'ai pas l'air zombie comme ça pour vrai pendant la journée?)

Un samedi mémorable.

Des détails? Non. Une autre fois.

Vraiment fatigué! («J'aime ça, Pat, tes comptes-rendus. Tu nous fais vraiment vivre l'aventure du Salon de l'intérieur. On s'y croirait!»)

Rah...! Ok, je vais vous dire au moins ça: J'ai rencontré, encore une fois, des lecteurs extraordinaires. J'en ai même croisé une qui avait acheté mon livre la veille et qui est venue me dire qu'elle l'avait commencé, qu'elle le trouvait sensationnel jusqu'à maintenant. Débile! 

J'ai aussi eu beaucoup de plaisir avec mes amis auteurs. On m'a chicané parce que je passe mon temps à m'évader pour aller placoter avec d'autres, à l'affût d'une bonne scène à prendre en photo. (mais comme je suis adorable, on finit toujours par me pardonner)

Bref, même si le manque de sommeil et ma carence en céleri se fait sentir, je suis quand même déçu qu'il ne reste qu'une seule journée déjà!


Chez les Six Brumes, les journées commencent dans la violence...
Gen: «Comment ça, pas de réimpression?!?»

Gen, qu'une bonne dose de baston remet toujours de bonne humeur

Mes voisines d'en face! Evelyne Gauthier et Kim Messier

Antoine Boulet teste de nouvelles techniques de ventes

Sonia, qui a très hâte de venir dédicacer de mon côté du salon

Caroline Barré, sur le point de m'aplatir le kodak dans la face avec son roman ;)

Guillaume Labbé, Pionnier de l'aviation d'origami et toujours proche des animaux... en peluche

Dominic Bellavance est happé par le pouvoir hypnotique de Mathieu Fortin

Le caïd de la littérature

Frédérique, toujours heureuse de me retrouver, salon après salon!

Un moment de tranquillité chez AdA

Duel de photographes *Musique de Ennio Morricone*

Plus rapide que son ombre, après m'avoir capturé sur pellicule, Marie mitraille aussitôt Rachel Graveline avec son appareil!

... et se terminent dans la violence.
Ici, la meute s'en prend une fois de plus au petit loup faible à Jonathan Reynolds

vendredi 18 octobre 2013

Salon du Livre de l'Estrie, jour 2

Et de deux!

Encore plus de plaisir (Si, si! c'est possible!)

Moins de conversions, mais plus de temps pour parler avec les lecteurs. J'ai eu la chance de discuter avec plusieurs personnes qui avaient lu les premiers tomes. Dément! Vous me surprenez toujours.

Ah, c'est drôle! Il y avait une jeune fille à qui je présentais Averia. Je lui parlais de l'histoire, des personnages et, au bout d'un moment, quand elle a compris où je m'en allais avec tout ça, ses yeux se sont mis à briller. On peut le voir, parfois, dans le regard des lecteurs, quand ils accrochent, quand notre bouquin les agrippe. La jeune fille en question s'est mise à hocher la tête, des étoiles dans les yeux. Oui oui, c'est le roman qu'il me faut. Ça a l'air génial. 

Puis elle a filé. Sans jamais revenir. 

Ah bon! 

Mon hypothèse: Elle est allée voir Maman-gardienne-du-budget et s'est vue refuser les fonds nécessaires.

C'était quand même drôle de la voir complètement conquise par le résumé du roman... puis disparaître en courant!

Ok, assez de blabla. Je sais ce que vous voulez vraiment...

PHOTOS!

Y a des lecteurs partout! Même à la maison!

Centre effouère

Les deux facettes d'Aude: gentille!

Démoniaque!
(Remarquez l'influence qu'elle a sur son environnement. Même les figurants deviennent violents!)

Moment de tendresse au Salon: L'Amour fraternel entre Auteurs. Sébastien Chartrand et Jo je-sais-pu-qui

Aude et Nadine se dévisagent méchamment. Max hurle en arrière-plan. Et au milieu de toute cette énergie malsaine, Nancy apaise l'ambiance dans le kiosque d'AdA. Ouf! Une chance qu'on l'a!

Marie Potvin et Catherine Bourgault, encore siamoises.

Kim Messier, souriante et pleine d'énergie!

Quelques instants avant le drame...

Jonathan, souffre douleur consentant, n'en finit plus de se faire attaquer.

Marie et Catherine, qui feignent une amitié sans limite (elles se chamaillaient juste avant que j'arrive) 

Je ne peux résister à une petite partie de Nintendo! «J'vais prendre le gagnant!» s'écrie Jonathan, derrière la caméra.

Ariane défigure mon prénom dans sa dédicace, mais dessine de sympathiques chats pour se faire pardonner.

Frédérique, que j'attaque par surprise!

Nadine rature de grands bouts d'Averia 4, découragée par ma piètre performance!

C'est tout!

À demain!

jeudi 17 octobre 2013

Salon du Livre de l'Estrie, jour 1

Et de une!

Dès l'arrivée, j'ai été assailli par une centaine (note: divisez par cinq tous les nombres que je lance sur ce blogue) de très jeunes fans en délire. 

Puis ce fut le calme plat! 

J'ai passé le reste de la journée à papoter gaiement avec Aude.

Comme d'habitude, plusieurs rencontres intéressantes. J'ai vu quelques lecteurs d'Averia et j'en ai conquis un peu plus de cent nouveaux. J'ai reconnecté avec de vieux amis et ai appris à en connaître d'autres.

En gros, super première journée.   

Voici les PHOTOS!

Point bonus si vous identifiez la seule collation que j'ai apportée pour survivre à ma journée...

Le Prince des Hommes me chuchote quelques conseils avant de le grand départ!
Aude, charmante collègue et cannibale récidiviste
Jonathan Reynolds, quelques secondes avant que son sourire ne se désagrège en un horrible rictus cauchemardesque

Aude encore (on était trois auteurs chez AdA aujourd'hui, alors... ah et puis vous l'aimez autant que moi, alors endurez ses photos!)

Comment j'aménage mon espace

Comment on réorganise mes trucs pendant mon absence

Une vue sur notre royaume

Il y a toujours beaucoup d'action chez les Six Brumes...


dimanche 13 octobre 2013

Patrice écoute... Princess Chelsea

(Préambule à élaborer plus tard)

Sans plus tarder, écoutons un premier extrait.

*Pat pose l'aiguille de son tourne-disque sur le microsillon*



J'aime. Ah comme j'aime. L'ouverture m'a scotché dès le départ (pléonasme? «Ouais, l'ouverture m'a gagné, mais sur le tard, un coup que la toune était finie»). Il s'agissait de mon premier contact avec la musique de Princess Chelsea, mais, déjà, j'étais happé. J'écoutais l'intro et je me disais «Please be good! Please be good!».

La rupture de rythme, le premier éclat de voix, le duo avec l'autre type... Voilà. Capturé. Enchaîné. Conquis (je suis une conquête facile, côté oreille. Une minute d'écoute et je suis prêt à mettre le feu à ma collection de CD pour faire de la place à la nouvelle muse).

Oh, et puis les paroles!

Princess discute de sa consommation occasionnelle de cigarettes avec son copain et nous pond des trucs comme:
(Princess) It's just a cigarette / that i got from Jamie Lee
(L'autre dude) Oh she's gonna get a smack / and i'm gonna give you three 

Ou alors
(Dude) It's just a cigarette / it will soon be only ten
(Princess) Honey can't you trust me / when i want to stop i can (le son de sa voix sur cette phrase! Du cristal. Ting!)

«It harms your pretty lungs» C'est beau! Ça vient picosser mon coeur de guimauve (Comme les Trois Accords avec «Et qu'à genoux les mains pleines d'un bouquet de lilas / tu me dises que tu m'aimes ou quelque chose comme ça»)

Nécessairement, après avoir écouté ce morceau, il faut jeter une oreille au reste de son répertoire. Je suis donc atterri ici...



Monkeys eat banana that he stole from your house.

Je peux TELLEMENT m'identifier à ça!

Euh... Bon, ok, non.

Mais mon Fils danse comme le feu quand j'écoute cette pièce. Ça doit valoir pour quelque chose, non?

Ici, ce qui m'accroche, c'est l’ingéniosité musicale. Les mélodies intriquées. Le contraste des bases et du xylophone frénétique.

Monkeys eat bananas m'aide aussi à cerner Princess Chelsea. Je commence à la comprendre. Je perçois le personnage derrière le xylo. Je sais ce qu'elle a dans le ventre.

Quelle pièce puissante! (Ici, je blague à moitié, quand même...)

Ensuite, en mettant à profit le caractère hétéroclite du catalogue de youtube...



Princess Chelsea, LIVE!

Et là, j'ai encore une fois été agréablement surpris. Présence sur scène, baboune concentrée quand elle joue des passages plus compliqués, variation d'intonations pour susciter une certaine gradation, séance freestyle au milieu de la chanson, plaisir contagieux sur scène.

Bonus! Elle n'est pas parfaite! Ah comme la perfection est ennuyante!

On l'entend perdre son souffle en deuxième moitié de chanson. Elle a un blanc pendant son freestyle. Sur d'autres vidéos (je ne vais pas tous vous les montrer, quand même!), on la sent moins à l'aise derrière une guitare, a de la difficulté à chanter dans le micro tout en cherchant ses accords.

À mes yeux, ça la rend plus attachante encore. Plus vraie.

Ah!!! Je vous ferais écouter encore tout un tas de chansons!

Il y a Caution Repetitive (ma préférée, je crois, avec les harmonies vocales)

Frack (référence à Battlestar Galactica, je suppose!) dont le vidéo est très drôle. Un dictateur spatial qui atomise une planète tout en ayant l'air de s'emmerder royalement dans son vaisseau spatial pendant que ses sbires se chargent du boulot.

Goodnight Little Robot Child, qui, juste avec le titre, vient toucher absolument TOUTES mes cordes sensibles ;)

Et d'autres et d'autres et d'autres...

Bref, voilà! C'est ce qui peuple mes oreilles ces temps-ci. Une autre de mes obsessions musicales. J'espère sincèrement que ( retour et lien avec le préambule ).

Bonne écoute!

vendredi 11 octobre 2013

Carte blanche (et une chance qu'on me ramène sur Terre!)

On m'a donné une belle carte blanche pour le Projet Blé.

J'ai demandé aux gars si je pouvais essayer des trucs avec la narration, et ils m'ont dit «Éclate-toi».

Alors, j'en profite...

Je fais de ce roman mon terrain de jeu.

***

Hier, sur un high de céleri et de boisson énergisante, j'ai décidé d'essayer un nouveau concept. J'ai décidé qu'un chapitre au complet se déroulerait en accéléré. En fast-foward version vieux VHS. Ça s'insérait bien dans l'histoire et ça créait un punch intéressant (oui oui! je vous jure!).

Fier de mon coup, je me suis mis à taper à toute vitesse... sans utiliser une seule fois la touche spacebar. Ni ponctuation, ni espace. Seulement des majuscules à quelques endroits, pour différencier les dialogues ou pour vraiment marquer un saut dans la scène.

J'écrivais, j'écrivais, j'écrivais, très convaincu de ce que j'étais en train de faire.

Les idées coulaient d'elles-même et, en quinze minutes, j'avais rempli deux pages d'un gros bloc de texte.

Un BLOC. Un monolithe.

Je relisais, encore tout content, sans voir le problème qui me sautait dans la face.

Quand Copine est arrivée, je lui ai mis l'écran sous les yeux et...

Bah... ses yeux, justement, n'ont pas toughé la run.

Tu sais que c'est illisible, Patrice?

Ah oui?

Parce que moi, je lisais très bien. Enfin... les passages qui étaient encore frais dans ma mémoire se lisaient tout seul. Je veux dire... Oui, ça accrochait à quelques endroits, mais quand on prenait le temps de... quand on se concentrait pour... quand on décortiquait l'ordre des...

Euh... Ouin. Okay...

Un chapitre en fast-foward qui prend cinq fois plus de temps à lire?

Pas trop winner.

***

Bref, merci Copine, de ramener sur terre l'auteur qui s'excite un peu trop ;)

***

Mais j'ai quand même trouver un moyen d'exploiter mon concept... hihihi...hohoho....hihihihihihi (trop de céleris...) 

mardi 8 octobre 2013

Un petit extrait de Blé

Un tout petit extrait qui donne une bonne idée du projet sur lequel je bosse depuis Août.

«Parce que nous en avons le pouvoir… ZOOM sur son cœur! 
Avec une facilité déconcertante, nous traversons son chandail, son soutien-gorge (crème avec des pois noir), nous fermons les yeux le temps de passer sous sa poitrine (quand même!). Pour ceux qui ont la digestion délicate, vous pouvez garder les paupières closes encore un moment. Notre caméra déchire les premières couches de son épiderme, se vrille un passage dans sa cage thoracique, transperce une enveloppe gluante, effleure un poumon tout rose et… Le temps que nous essuyons la lentille, vous pouvez déjà entendre le battement effréné du puissant organe. On se croirait dans les entrailles d’une galère romaine lancée à plein régime, sur le point d’éperonner la trirème royale de la flotte rebelle de…  
Oh, le voilà, le cœur de Cassandra. Il est grand. Il se gorge de sang puis l’expulse avec une grâce naturelle, ancestrale. On le devine courageux, généreux, vaillant. Il bat à toute allure, mais demeure en contrôle. Il paraît pouvoir tenir ce rythme pour l’éternité. Toutefois, alors que notre objectif dérive lentement autour de ce muscle boosté à l’endorphine, on repère une petite lésion sur la paroi du ventricule droit, une petite tâche noire, une vilaine cicatrice qui ne semble pas tout à fait guérie.»

Comme d'hab, je suis tour à tour attaqué par les doutes ou catapulté dans l'euphorie de l'écriture.

Mais je m'amuse.

Ce projet me délie les neurones, ça, c'est certain!

vendredi 4 octobre 2013

Cher Journal

Cher journal,

Ouf! Je ne t'ai pas écrit souvent depuis quelque temps! Oh là là, Journal! Je suis vraiment le pire des correspondants. Mille pardons! Bisous bisous, pardonne-moi. Pour dire vrai, je t'avais presque oublié. Si le chat n'avait pas tout renversé le contenu de ma bibliothèque (en plein milieu de la nuit, aussi, comme pour réveiller Fiston...), je crois bien que je ne t'aurais jamais retrouvé!

Quel étourdi!

Bon, vite vite, un peu de rattrapage!

En début août, je me suis échappé du Goulag. Je me sentais un peu comme cette femme, tu te souviens, dans ce film que nous avions capté à mi-chemin sur je ne sais plus quel poste en pleine nuit, il y a... oh... fort longtemps déjà. Tu sais, cette pauvre femme prisonnière, brisée par les travaux forcés, qui se traîne les pieds au milieu des colonnes d'ouvrières en loques grises. C'était la finale. Elle avait le nez collé sur le ciel bleu et regardait un oiseau battre des ailes puis planer, s'éloignant, s'éloignant toujours, libre comme l'air. Je me sentais un peu comme ça. J'ai vu le ciel bleu à travers les barbelés et j'ai décidé de ne plus jamais remettre les pieds là. Une chance, aucun gardien ne m'a flingué dans le dos tandis que je courrais à toute jambe.

Oh, Journal! Hahaha! Je t'ai raconté, pas vrai? La foi où on m'a demandé de remplacer quelqu'un en pause et qu'un bac de bonbons, rempli au moins une heure avant que j'arrive, était percé et que son contenu s'était répandu sur le sol? Et qu'on m'a engueulé comme du poisson pourri? Avec des Criss d'épais du tabarnak, quand tes osties de paniers ont des trous, tu les câlisses aux poubelles, tu mets pas des bonbons dedans? Hahaha, la face que j'y ai faite, à celle-là... Ça a du bon, j'ai appris à me défendre en gardant mon calme malgré l'envie de meurtre qui me sortait du visage.

Ah! Oui! La fois où tous les bonbons du convoyeur ont foutu le camp à terre parce que le gars qui était là avant moi avait tapé le bouton caché en dessous de la machine et que j'étais tout à fait incapable de freiner le tapis-roulant. «La prochaine fois, vérifie donc si quelqu'un à pas taper le bouton caché!» Hahaha! Oui, j'oubliais. Toujours vérifier que personne n'a saboté les installations avant de débuter un quart de travail.

Oh, ok, une dernière! Tu te souviens de la fois où ils m'ont formé sur un nouvel équipement? C'était un vendredi après-midi. Avec le gars qui voulait pas me montrer la job parce qu'il s'en allait en vacance? Je t'avais dit, hein, qu'ils m'ont mis à pied les trois semaines suivantes, parce que l'usine fermait pendant la Construction et qu'ils avaient pas besoin de moi pour la semaine qui suivait? Eh bien, quand je suis revenu, on m'a foutu à la même place, sans formateur. Et je devais gérer les quatorze machines. J'avais beau demander de l'aide, j'avais beau courir partout, j'avais beau faire de mon mieux, rien ne fonctionnait. Et quand j'ai dit à mon superviseur que je ne pouvais pas remplir ces tâches avec trois heures de training sur le tas, il m'a répondu que j'allais devoir trouver un moyen d'apprendre plus vite que ça... C'est cet après-midi là que j'ai vu l'oiseau de la liberté...

Ouais, Journal, je te l'avoue en toute sincérité: je ne regrette pas UNE SEULE SECONDE de ces huit semaines sans salaire depuis que je me suis échappé du Goulag.

Mais bon, je t'écris ça ce soir parce que ça fait du bien. Et que, finalement, après les millions de CV que j'ai envoyés depuis août, je passe enfin une entrevue intéressante la semaine prochaine. Ouf!

Fiouh! Ok, Journal. Faut que je te laisse. C'est toujours drôle de papoter avec toi, mais j'ai des bouquins à écrire, aussi!

Je promets de ne plus te cacher sous la pile de livres en cours! Ça te va?

Génial, t'es un amour.