jeudi 15 janvier 2015

Entrevue avec... Martin Daneau

Vous me connaissez, j'adore disséquer les cerveaux d'écrivains ce qui se cache sous un auteur et derrière son oeuvre. Malheureusement, les entrevues avec les écrivains québécois que j'affectionne (ou que je tolère froidement) se font rares. Alors, au lieu d'espionner leurs comptes Facebook, Instagram ou autre, à la recherche d'une étincelle de génie, j'ai décidé de passer à l'action!

Cette semaine (ou mois... trimestre? on verra bien à quelle fréquence je mettrai à jour ce segment...), j'ai décidé de remuer la tanière de Martin Daneau pour voir s'il avait des secrets intéressants à nous raconter.



Bonjour Martin! Merci de te prêter à ce petit questionnaire. D'abord, peux-tu te présenter? Qui es-tu, qu'as-tu écrit?

Pour la question qui je suis, disons que je m’investis de plus en plus dans ce beau métier d’auteur. L’écriture a toujours fait partie de ma vie, mais j’y ai consacré énormément de temps depuis les 3 dernières années. D’ailleurs, je n’ai jamais autant écrit que dernièrement.

Martin (celui sans chapeau),
 que j'ai rencontré au Salon du Livre de Sherbrooke 2014
Ce que j’ai écrit dans le passé? Mon premier livre a été publié lorsque j’avais 19 ans. Il s’intitule Le reflet du silence. C’est un très mauvais livre et je doute qu’une personne parvienne à se le procurer aujourd’hui (ce qui est une bonne chose :)). Toutefois, ce livre fut important car le goût d’écrire, encore incertain à cette époque, se développa tranquillement au fil des ans. Ensuite, j’ai publié un roman policier, Au service du diable, aux éditions JCL en 2007. Ce livre est beaucoup plus réussi que le précédent et je le considère comme pilier dans mon cheminement d’écriture. Après une autre longue pause dans l’écriture (où j’ai travaillé comme concepteur de jeux vidéo), je présente la série jeunesse Altessa dont les 2 premiers tomes ont été publiés en 2014 aux éditions AdA. Cette fois, je ne compte pas m’arrêter. :)


Pourquoi une si longue pause entre chacun de ces projets? Qu'est-ce qui t'a donné envie de reprendre le clavier?

Pour mes deux premiers romans, j’étais quelqu’un qui aimait écrire. Pour des raisons que j’ai encore de la difficulté à expliquer, j’ai connu une sorte de crise de pré-quarantaine à 35 ans. J À cet âge, pour la première fois, je souhaitais devenir écrivain et ne plus reléguer l’écriture à un passe-temps. La différence est au niveau du nombre d’heures consacrées à chaque semaine pour écrire. Comme je mentionnais plus haut, depuis les trois dernières années, je n’ai jamais autant écrit. Je dois aussi, très humblement, préciser que, comme bon nombres d’auteurs, j’ai connu mon lot de romans refusés.


Martin, j'entre dans le vif du sujet avec LA question qui me fascine toujours le plus: d'où ça vient? Quel est le point de départ de ton projet? Quelle est l'étincelle, qu'est-ce qui vient en premier quand tu entames un nouveau bouquin?

Pour la question d’où ça vient, l’écriture n’est pas une science parfaite. Il y a d’abord des idées sommaires qui se précisent avec le temps et qui s’emboîtent avec d’autres pour créer l’ébauche d’une histoire. Ensuite, je réfléchis à cette histoire et j’essaie de lui donner une cohérence avant de la faire vivre avec des mots. Pour moi, l’écriture est un exercice de patience. On prend une idée, on la développe, on l’étoffe et, avec beaucoup de travail et un peu de chance, elle peut devenir un livre publié. Une histoire débute dans le chaos et il faut ensuite l’encadrer avec une structure. L’exercice aide l’auteur à s’améliorer et, j’aime le croire, à devenir une meilleure personne. :)


Abordons maintenant cette nouvelle oeuvre que tu nous offres, Altessa. Peux-tu nous en parler? Comment est née cette Altessa?

Quand j’ai recommencé à écrire sur une base régulière, je voulais me tester et explorer différents genres et m’adresser à différents publics cibles. J’aimais l’idée d’une série jeunesse portant sur le fantastique. Ironiquement, Altessa a débuté avec une problématique. Le public cible étant en bas âge, j’avais de la difficulté sur la manière d’aborder la violence. Je désirais la minimiser tout en conservant un bon rythme et beaucoup d’action. C’est là que j’ai eu l’idée d’un monde fictif où les dieux, pour mettre fin aux guerres, menaçaient de lever une malédiction qui affecterait tous les habitants du royaume si un seul meurtre survenait. Ensuite, je désirais créer un monde fantastique en dérogeant à certaines règles du genre. Je ne voulais inclure aucun minotaure, cyclope, griffon et autres créatures mythiques et classiques. Une fois la problématique réglée et l’apport magique déterminé, j’ai constaté que c’était un conte que j’avais à proposer. C’est vraiment de cette façon que la série a pris forme. Comme quoi il n’existe pas de formule. :)


Altessa, donc! Je l'ai trouvée très... aérienne. Elle a ce côté naïf, cette façon légère de se déplacer. Pendant la lecture, je pouvais l'imaginer trottiner d'une occupation à l'autre. À la fois sérieuse et déterminée, mais aussi légère, encore empreinte d'une certaine innocence. Parle-nous de ton personnage principal. Qu'est-ce qui fait d'elle le moteur de l'histoire?

Ton observation est en bonne partie la réponse à la question. Altessa est à un âge où elle comprend de plus en plus le monde adulte tout en conservant une candeur propre à l’innocence. Cela lui permet de se détacher rapidement d’événements graves et de se montrer très attentionnée sur de petites choses composant le quotidien (surtout dans le premier tome). Dans cette série, son honnêteté fait et fera toute la différence.


Tu parlais plus haut d'un monde verrouillé par la menace de cataclysme divin si un meurtre devait être commis. Comment s'articule donc la menace dans ton monde? Qui inspire la crainte? Pourquoi?

Les dieux inspirent la crainte. Déçus par les guerres incessantes des hommes, ils prennent des mesures draconiennes pour imposer la paix. Les dieux restent évasifs sur la nature de la malédiction si un meurtre venait à être commis, mais pour faire comprendre la gravité de cette menace, ils engendrent, à chaque année, une période de sept jours consécutifs de catastrophes naturelles nommée la saison des éclairs. Ils obtiennent une paix durable par la peur et les habitants du royaume sont forcés de vivre autrement. Ils existent quatre familles royales dans cette série et l’une se montrera plus astucieuse pour se donner un ascendant sans contrevenir à la règle proclamée par les Dieux. Malgré elle, Altessa deviendra la pierre angulaire de tout le royaume. :)


Qu'est-ce qui a été facile dans l'écriture de cette nouvelle série?

Il m’a été facile d’aimer cette série dans son intégralité. Mes deux premiers romans sont très sombres. Au service du diable est un polar dur avec un dénouement n’ayant rien de festif. Cette série est beaucoup plus positive et rayonnante. J’ai l’impression d’avoir créé une certaine balance maintenant et cet univers m’a fait beaucoup de bien.


Qu'as-tu trouvé difficile?

Dans une série, on doit entrevoir le déroulement des événements à très long terme. Il faut se préparer beaucoup de contenu car on peut rapidement manquer d’idées. Ce n’est pas comme un stand alone où l’auteur n’a pas à prévoir une suite.


As-tu d'autres projets dans tes tiroirs secrets d'écrivain?

Oh que oui! D’ailleurs, je ferai bientôt une annonce concernant un tout nouveau projet en chantier. Et je ne compte pas m’arrêter là. :)


Qu'est-ce qui te fait aimer un livre? Y a-t-il un élément (un thème, une ambiance, un type de personnage) qui, à coup sûr, suffit à capter ton intérêt? C'est quoi une valeur sûre pour Martin Daneau?

Plus jeune, je lisais surtout du fantastique. Ensuite, j’ai eu une période où j’enchaînais les polars (coïncidant avec celui que j’ai écrit) avant de revenir au fantastique.

Ce qui me fait aimer un livre est tout simplement l’originalité. J’aime un auteur qui s’efforce d’étoffer son intrigue et son style. Tout auteur doit être conscient que les lecteurs ont probablement lu plusieurs livres avant le sien et qu’ils ont des attentes.

Il n’existe pas vraiment une valeur sûre et mieux vaut faire de belles découvertes. :)


Peux-tu partager avec nous une lecture récente qui t'a plu? Ou LE bouquin à lire à tout prix?

Je dois d’abord honteusement admettre que ma pile d’AdA monte plus vite que j’arrive à la faire descendre. :) Le dernier livre qui m’a le plus marqué est Neverwhere de Neil Gaiman. C’est un conte déjanté (dans le genre fantasy urbaine) où tous les personnages sont à leur place et campés avec brio. Par contre, je l’ai lu en anglais alors j’ignore si la traduction a affecté la qualité de l'histoire.


Et, pour finir, un conseil pour les écrivains plus ou moins chevronnés qui hantent cette page?

Comme je disais plus haut, pour moi l’écriture est un exercice de patience. Le succès est bien plus rare que le talent en écriture. La notoriété d’un auteur s’acquiert avec les années et elle ne sera jamais unanime.

Toi qui aime la science-fiction, tu dois savoir que des auteurs aussi célèbres que Frank Herbert et Philip K. Dick ont vécu maigrement de leur art avant de connaître le succès à la fin de leur vie. On parle ici d’auteurs cultes dont les œuvres ont inspiré des productions hollywoodiennes. Souvent, un auteur n’a pas assez d’une vie pour se faire un nom. C’est pour cette raison qu’il vaut mieux commencer le plus vite possible. :)

Merci beaucoup Martin pour tes réponses! J'espère te revoir bientôt dans un prochain salon du livre et, en attendant, je continue de suivre tes péripéties sur ta page Facebook, Martin Daneau Auteur.

3 commentaires:

  1. Merci Patrice de me faire découvrir un nouvel auteur, une nouvelle série. J'avais pas déjà assez de trucs à lire lol

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  2. Oui, merci Pat, je ne connaissais pas cet auteur! :)

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  3. @Gaby
    Pouhahaha! Je ne me sens même pas coupable ;)

    @Isabelle
    C'est toujours un plaisir :)

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