Vous ai-je parlé de mon nouveau boulot?
J'oeuvre dans une confiserie industrielle. Une usine de bonbons.
C'est vraiment amusant. Imaginez Charlie et la Chocolaterie... mais sans les moments d'émerveillement entre les meurtres d'enfants.
Quand j'arrive le matin, je revêts un élégant costume de prisonnier politique et on me parque entre deux machines bruyantes. Très bruyantes. Des bonbons, ça ne se confectionne pas sous un arc-en-ciel au bruit des confettis qui neigent. Non, ça s'éjecte en un interminable rouleau acide, ça s'accumule à la tonne dans un gros bac jaune, ça se déverse en un flot continu dans une rangée de plateaux qu'il faut déplacer à un rythme infernal.
Les hommes et les femmes sont séparés dans le goulag du bonbon. Les uns restreints à des travaux physiques éreintants et abrutissants, les unes reléguées à des tâches déshumanisantes.
Chaque jour, je dois nourrir un convoyeur qui a été spécialement conçu pour briser, dans l'ordre : ma résistance, mes rêves et chacune de mes articulations. Pour rencontrer les quotas planifiés par les ingénieurs du plan quinquennal de la confiserie, mes humbles collègues ouvrières n'hésitent pas à trafiquer la vitesse du convoyeur pour lui donner l'allure d'un rouleau compresseur qui dévalerait le plus haut sommet de l'Oural.
Le taux de glycémie élevé des prisonniers rend le contact et les échanges humains hasardeux. Il existe certes une camaraderie, une complicité soudée dans la chaleur des énormes cuves qui transpirent gaz et acidité, mais elle trouve sa source dans l'ancienneté, dans l'usure des chaînes qui nous retiennent. Mes cicatrices sont encore trop fraîches, ma couenne pas assez endurcie. Alors, pour l'instant, on me tiens à l'écart. On m'accuse d'erreurs que je n'ai pas commises. On rapporte mes faits et gestes aux commissaires de la discipline.
Voilà! Voici comment je subviens aux besoins de ma petite famille par les temps qui courent.
Voilà comment, bonbon par bonbon, je me vide de ma moelle, de ma substance, de mon humanité...*
Pat le Confiseur.
*À prendre avec un grain de sucre, évidemment ;)
Je ne verrais jamais plus les bonbons de la même façon ! Dis-toi que c'est temporaire... pour un temps ! Tu es un chef de famille responsable, c'est tout à ton honneur ! Respect...
RépondreSupprimerTu ne seras pas un confiseur confiné pour toujours, ah non! Tu es un artiste après tout. En attendant, je t'encourage, go, go, go! Attention à tes oreilles, hein?
RépondreSupprimerParlant de nananes, en as-tu des préférées (si ça ne te donne pas trop mal au coeur)?
Perso, j'aime mieux les trucs salés, sauf les framboises en jujubes et la réglisse rouge.
Stephy :)
:( Pas drôle comme boulot comment tu le décris. As-tu piqué quelques bonbons sur les chaînes? Histoire de tester la marchandise... ;)
RépondreSupprimerVoilà un billet qui vient de faire monter mon taux de sucre. On a pas toujours le choix de nos métiers, mais dit toi que au moins tu travailles. Je te dis comme Steph, c'est temporaire!
RépondreSupprimerOuch! Pat, je sympathise. Moi qui déteste les confiseries. J'espère que tu trouveras quelque chose qui te convienne davantage, et qui ne brise pas tes rêves, parce que celle-là est plus difficile à avaler qu'un centaine de bonbons durs versés dans mon gosier. J'espère aussi qu'il te reste, à la fin de ta semaine, quelque énergie pour écrire, mais ce billet me donne bon espoir en ce sens. Bon courage!
RépondreSupprimerCompte-toi quand même chanceux qu'ils ne procèdent pas à une fouille personnelle intime chaque soir pour être sûr que tu partes pas avec une pépite de sucralose !
RépondreSupprimerDis-toi que dans trente ans tu en riras bien !
Ouach !!
RépondreSupprimerJ'appelle au boycott de TOUS les bonbons (veux pas prendre de chance).
D'un autre côté, je suis certaine que cette expérience va te servir pour l'un de tes prochains romans. Ça sera au moins ça de pris.
Comme dit Lucille, RESPECT, l'ami.
"À prendre avec un grain de sucre"
RépondreSupprimerDieu Merci. Pendant un instant, j'ai eu peur que tu te jettes dans un chaudron de bananes en bonbon fondus. Les bonbons n'auront pas ta peau, c'est toi qui auras la leur !
(Suivi d'un puissant cri de guerre)
Ah, les joies du travail à la chaîne en usine... Courage, Pat.
RépondreSupprimerComme l'a dit Sylvie, cette expérience va te servir pour un prochain roman. Tout ce que nous vivons doit servir notre écriture... Courage, Pat. Garde espoir, tu trouveras sûrement un meilleur boulot ailleurs. Je te le souhaite de tout cœur, car ton billet, je te l'avoue, me fait un peu peur... :-(
RépondreSupprimer@Lucille
RépondreSupprimerLe plus temporaire ce sera, le mieux je me porterai ;)
@Stephy
Bonbons préférés? Hum... J'ai un faible pour les gros pieds rouges. Mais je ne suis pas difficile. Sont toutes pas mal bons!
@Prosp
C'est officiellement proscrit. Mais je vois tout le monde se bourrer la face à longueur de journée. Alors, oui, je teste ;)
@Gaby
RépondreSupprimerDire que j'haïssais ma job précédente *roule des yeux*
Careful what you whish for, qu'ils disent.
@Hélène
Pas beaucoup d'énergie, non :(
«Heureusement», on m'a mis à pied pour les trois prochaines semaines, pour cause de ralentissement dans la production. Je compte terminer la première grosse vague de corrections d'Averia 5
@Richard
J'en suis sûr. Déjà, juste de l'écrire, je trouve déjà ça plus rigolo.
@Sylvie
RépondreSupprimerBoycott? Mais non mais non! J'ai des enfants à rendre heureux et des dents à carier!
@Julie-Anne
Puissant cri de guerre, lololol! Oui, c'est en plein l'attitude qu'il faut avoir. Merci :)
@Gen
Joies? «joies»? joies?? ;)
@Annie
RépondreSupprimerFaut pas s'inquiéter. Ça va aller. J'ai une adorable petite famille pour me remonter le moral une fois à la maison ;)