J'suis plus ou moins dans une impasse, que j'avoue à Collègue.
Collègue aime que je lui parle d'inspiration. Elle trouve ça mystérieux. Elle veut comprendre. Les idées la fascinent. Quand l'envie lui prend de discuter des chemins nébuleux et des énigmes tortueuses d'un bouquin en construction, on suspend le travail quelques minutes, on laisse les chiffres de côté et on réfléchit ensemble, l'espace de quelques instants.
Je lui raconte l'inspiration qui m'a frappé sur la route, sur la 10, en direction Montréal, un samedi de salon.
C'était puissant! que je lui dis. C'était l'idée qui surgit, qui écrase tout, qui s'emboîte avec tout le reste. C'était la direction à emprunter, la destination, le chemin et le paysage.
Mais ça faisait mal... Ouch que c'était douloureux... Parce que c'est la fin, tu comprends. Parce que ce sera pas facile à écrire. Parce que ça va m'arracher un grand morceau.
J'ai dû refermer les vannes, parce que ça me mettait tout à l'envers et que c'était pas le temps, puisque j'allais rencontrer les lecteurs...
Puis...
***
Je suis allé rencontrer les lecteurs...
Et... Je me suis mis à avoir peur.
C'était la première fois que ça m'arrivait. De cette façon-là. La première fois que je réalisais qu'on me lisait.
Et je me suis demandé si les lecteurs allaient me haïr à cause de cette idée que j'ai eue.
Puis je me suis dit... Non, je peux pas faire ça. Je peux pas écrire ça, pas comme ça. Ils vont me détester, c'est sûr.
Collègue m'écoute, les traits froissés.
Alors je traîne, que je lui confie. Je suis dans l'impasse. Je jette l'idée coup de poing, l'idée tsunami, l'idée trou noir et j'attends que l'univers m'envoie une autre solution. J'ai trop peur...
Même si... Même si c'est très dur d'aller contre cette intuition.
Collègue me coupe.
Pat... écoute ce que tu dis.
Intuition... peur... intuition... peur...
Tes tripes te parlent et ton cerveau veut les faire taire.
***
...
***
Ok les tripes... Je vous ai toujours accordé une confiance aveugle... Je vous suis... Jusqu'au bout... comme depuis le début...
Quelle chance, au fond, de recevoir tes messages de cette façon. Éteins ta raison un moment et fonce dans la voie illuminée par ton intuition. Go! :)
RépondreSupprimerBon OK, je te le dis déjà, je vais te détester (mais juste un peu)
RépondreSupprimerAssume ;)
Excellente idée mon cher!
RépondreSupprimerC'est une bonne chose d'être contrarié à la fin d'un livre. Il nous reste à l'esprit plus longtemps qu'un roman qui se termine par le paradis. Et puis, si on te déteste, ce ne sera pas pour de vrai :)
RépondreSupprimerTu ne pourras pas résister, tu es trop intègre.
RépondreSupprimerAllez, du courage, l'ami. ;)
...si tu veux je kidnappe Collègue et le tour est joué !!!
RépondreSupprimerSi c'est la vraie fin, la bonne fin, alors fonce. Tes lecteurs te pardonneront.
RépondreSupprimerJe seconde les autres, fonce! L'intuition, il n'y a que ça de vrai! :D
RépondreSupprimerEt si ça peut t'encourager, pense à donc à Stephen King... Il n'est pas toujours tendre avec ses fins et on l'aime pareil... ;)
Oh Patrice. Quand ça tape ainsi c'est que c'est la direction à prendre. Onpeut ne pas aimer la direction, mais on ne peut pas te détester, tu es trop... trop bon.
RépondreSupprimerAie, la peur, sujet épineux pour moi. Si on écoutait nos peurs, on arrêterait de vivre. Quoi tu veux écrire? T'as pas peur des critiques? Peur d'échouer? Peur du succès? Peur de décevoir? Allons, bon, arrête de tergiverser et écris, tout simplement.
RépondreSupprimer@Stephy
RépondreSupprimerJ'suis chanceux, ouais. J'ai ce genre de claques dans la face quelques fois par romans.
Celle-là était juste vraiment plus forte que les autres!
@idMuse
RépondreSupprimerHahaha, ouais, c'est la décision que j'ai prise. Assumer. :)
@Mariane
RépondreSupprimerEn effet. Suivre son intuition... c'est pas fou comme idée ;)
@Julie-Anne
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec toi. Les livres qui m'ont le plus marqué avaient des fins douces-amères.
Hahaha, et merci de me prévenir. Si tu m'envois une lettre de bêtise, j'y croirai à moitié ;)
@Sylvie
RépondreSupprimerJ'espère que mes lecteurs sauront admirer mon intégrité ;)
(oups, la peur qui parle encore)
@Aslemin
RépondreSupprimerHahaha! Et faire taire la voix de l'intuition? Non, c'est la solution facile ;)
@Gen
RépondreSupprimerJe vais l'écrire, pour voir. Si c'est la vraie fin, je le saurai, c'est sûr.
@Isa L
RépondreSupprimerMerci! Tu as tout à fait raison, en fait. Si je ne suivais pas mon intuition, je n'écrirais pas. Il n'y a donc que ça de vrai...
@Isa S
RépondreSupprimerWow, merci. Je ne m'attendais pas à ce commentaire. Dans tous les cas, je vais l'écrire, cette fin. Pour voir.
@Hélène
RépondreSupprimerC'est tout à fait ça. La peur est un frein. Le pire ennemi de la passion, de la créativité, de la liberté...
Moi j'aime le commentaire d'Isa, sachant que quand je lui ai raconté la fin d'Hanaken III, elle m'a dit que j'avais pas le droit d'écrire ça... :p (j'l'ai pas écoutée, nah, pis maintenant elle est convaincue! ;)
RépondreSupprimerAh bon? Tu ne l'attendais pas? Mais c'est vraiment le fond de ma pensée, c'est rare qu'on déteste une personne, on peut détester des idées, des comportements, des attitudes, des modes, des biens de consommations,... mais c'est rare qu'on déteste une personne. A moins d'être le mal incarné, ce qui ne semble pas être le cas. lol
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