jeudi 14 avril 2011

Six! Qui dit mieux?

Comment mieux célébrer l'anniversaire d'Averia, je vous le demande, qu'en entamant une sixième réécriture?

***

J'ai cédé.

Ou me suis incliné devant la raison. C'est selon.

Toujours est-il que c'est en Il et Elle que Patrice raconte son histoire à présent. Misère, lui qui commençait tout juste à comprendre comment écrire au Je.

Les premiers résultats ne me dépriment pas trop.

En plus de gommer un certain «amateurisme» engourdissant et encombrant, ça m'a permis d'identifier certaines scènes qui étaient à retravailler de fond en comble.

N'empêche, je reste inquiet. Il y a certains trucs que j'ignore comment traduire d'une forme de narration à l'autre.

Je me projette dans le futur, et je me demande comment je vais réussir à adapter certains passages. Dans Tharisia 2, par exemple, c'est littéralement Annika, ses réactions, sa vision, ce qu'elle ressent, comment elle pense et ce qu'elle exprime en son for intérieur qui propulse l'action du roman. Je vois mal comment «sortir» de sa tête et garder la même richesse...

Si je puis me permettre de partager un court extrait...

«-Qu'as-tu fait, à la fin, pour être à ce point convaincue que l'Amirauté au grand complet est à tes trousses?

            J'ai tenté d'en décapiter le commandement suprême, hurlai-je à travers l'ouragan qui me traversait le crâne. Mais tu ne dois rien savoir, Chernova. RIEN. À tes yeux, je dois rester la petite rebelle mignonne, l'idiote qui a commis quelques bêtises et qui fuit un passé trouble. Mais en aucun cas je ne puis devenir Annika l'assassin. Annika le monstre qui expulse et projette sa colère contre ses proches. Annika l'hideuse créature qui se retourne contre l'élu de son coeur et qui le massacre, beuglant aveuglément une rage de gamine blessée.

            Chernova se penchait sur moi, une lueur déterminée derrière les yeux. Il en avait assez de me voir m'affoler et le traîner malgré lui tout droit vers une mort fumante. Crier plus fort que lui ne nous mènerait nulle part. Chernova ne s'inclinerait pas. Pas cette fois. Il hausserait davantage le ton, me dominerait de sa stature, ne se laisserait pas impressionner. Il fallait lui donner quelque chose.

            Peut-être, pensai-je, qu'une parcelle d'honnêteté suffirait à désamorcer temporairement cette fichue bombe qui menaçait d'exploser entre nous deux.
-J'ai peur que tu me détestes, avouai-je d'une voix mal assurée.

            L'éclat changea dans le regard profond et clair de mon ami.
-Annika, commença-t-il. C'est impossible...

            Si, c'est possible.

            Tout le monde finit par me détester.»

Annika invective, commente, jure, réagit (souvent de façon viscérale). Je m'amuse à jouer avec le contraste de ce qu'elle pense et de ce qu'elle porte comme action. Tout un tas de trucs que j'ignore, pour l'instant, comment traduire convenablement.

Je ne souhaite pas perdre toute cette substance, ni alourdir mon texte de «pensa-t-elle» à chaque paragraphes.

***

Aie...

Ma détermination est fragile, amis lecteurs et collègues-écrivains. J'hésite entre poursuivre cette traduction à la troisième personne et tout réécrire à neuf, comme s'il s'agissait de mon cinquième manuscrit, en appliquant soigneusement tout le bagage que j'ai accumulé depuis...

***

Dans le noble but de m'aérer l'esprit (et non pour retarder une éventuelle décision, évidemment!), me suis mis à gribouiller un quelque chose.

Plutôt satisfait du résultat! Par contre, avant de vous le montrer, je vais attendre que Copine agite sa baguette magique...

hum...

Bah... je peux bien vous laisser jeter un oeil...
***

Copine s'est lancée sur le chantier de sa table à dessin cette nuit et, ce matin, je découvre un post-it sur mon ordinateur:

«Quelle est la couleur des yeux de Jovanna?__________________» 

Le regard encore tout collé, je saisis le crayon et, retenant un gloussement un peu idiot, j'inscris ma réponse.

«Quelle est la couleur des yeux de Jovanna?____arc-en-ciel______ »

J'espère que ça va l'aider ;)

8 commentaires:

  1. Ton courage est admirable.
    Continue de faire la preuve, peu importe laquelle. ;)

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  2. C'est vrai que c'est très courageux! C'est une décision vraiment difficile à prendre. Je te dirais d'écouter la petite voix. Qu'est ce qu'elle te dit de faire, la fameuse petite voix?
    Et peu importe ton choix, je te souhaite beaucoup de plaisir :)

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  3. "J'ai tenté d'en décapiter le commandement suprême, hurla-t-elle à travers l'ouragan qui lui traversait le crâne. Mais tu ne dois rien savoir, Chernova. RIEN. À tes yeux, Annika doit rester la petite rebelle mignonne, l'idiote qui a commis quelques bêtises et qui fuit un passé trouble. Mais en aucun cas elle ne doit devenir Annika l'assassin. Annika le monstre qui expulse et projette sa colère contre ses proches. Annika l'hideuse créature qui se retourne contre l'élu de son coeur et qui le massacre, beuglant aveuglément une rage de gamine blessée."

    Pas plus compliqué que ça. Et tu obtiens un superbe narrateur aligné DANS ton personnage. Il voit par ses yeux, pense ce qu'elle pense, mais, de temps à autre, il en sait un petit peu plus qu'elle. Il peut décrire les alentours un peu plus facilement. Il peut nous livrer des renseignements sans qu'on ait à passer par le dialogue.

    C'est la méthode que j'ai utilisé pour faire passer Hanaken du je au il : le phrase à phrase. Chiant, long, mais si le texte de départ est bien conçu, ça donne un bon résultat. Tu aurais ptêt des passages à ajuster, mais tu les verras en écrivant, j'suis sûre! :)

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  4. @Sylvie
    Courage, détermination, inconscience... parfois je ne suis plus sûr de ce qu'il y a derrière tout ça ;)

    @Isabelle
    La petite voix change d'idée au moins deux fois par jour ;)

    Mais la décision se précise, petit à petit...

    Merci de m'appuyer!

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  5. @Gen
    Ça sonne bien, en effet.

    J'vais m'adapter, c'est certain. En attendant, merci de me mettre le nez sur ce genre de solutions :)

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  6. J'pense qu'un exemple comme ça va t'aider plus que mon courriel! hihihihi

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  7. Aie!
    Tu me fais réaliser que je ne t'ai même pas répondu :S
    Quel piètre correspondant je fais...

    En effet, un exemple concret m'aide évidemment à me faire une meilleure idée du genre de «traduction» qu'on peut faire.

    S'agit de se lancer, de lâcher les freins maintenant.
    Pour te donner une idée de comment mon coeur balance, avant-hier j'ai réécrit 10 pages en Il-Elle, hier soir, j'en ai fait autant en Je.

    :)

    Combien charges-tu Vincent déjà pour écrire ses histoire à lui? ;););)

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  8. @Pat : Beaucoup de patience devant mes absences et une séance de vénération par page. Plus bénéfice marginaux ;) (que Copine et Vincent ne seraient sans doute pas d'accord pour que tu me paies... ;p Mouahahahahahahaha

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